Comment savoir si mon mal de dos est grave ? [DRAPEAUX ROUGES – kinésithérapie]

Le mal de dos peut être grave. Surveillez les drapeaux rouges.

Vous avez mal au dos… d’accord… mais la question demeure : est-ce que c’est grave un mal de dos ?

Peut-être que vous avez le dos bloqué par un lumbago, que la douleur lombaire vous immobilise au fond de votre lit… et pourtant ce n’est pas forcément grave…

À l’inverse, peut être que votre lombalgie est assez modérée depuis quelques semaines, mais qu’elle cache en réalité un cancer

Peut-être que vous avez une douleur du dos côté gauche, du côté du cœur, une pointe dans le dos, vous vous dites donc que ce doit être grave ! Mais non, pas forcément.

Peut-être que vous avez fait des radios récemment et lorsqu’il les a vues votre gentil médecin vous a lancé un truc du genre « votre dos est pourri ». Aussi, avec ces radios et votre diagnostic de « lombalgie aiguë » vous vous dites cette fois c’est sûr, c’est grave !

Et bien désolé de vous décevoir, mais là encore, pas forcément !

Et si, sur l’IRM, on voit une hernie discale, c’est forcément grave !

Bah non, toujours pas…

Alors quels sont les critères de gravité d’un mal de dos ?

Comment savoir si votre douleur en bas du dos est un danger ?

Quand faut-il s’inquiéter face à une douleur lombaire ? Et quand faut-il consulter rapidement ?

C’est ce que les médecins et kinésithérapeutes appellent des drapeaux rouges, et c’est ce que nous allons voir dans cet article !

Je vous rassure de suite : dans plus de 90% des cas, le mal de dos est bénin !  L’apparition d’une douleur dans le dos peut avoir des causes multiples, mais il s’agit rarement de causes graves.

Quand une lombalgie est dite « aiguë », cela ne veut pas dire qu’elle est plus grave, mais seulement qu’elle est récente et potentiellement de courte durée, contrairement à une lombalgie chronique qui dure plus de trois mois.

L’intensité de la douleur n’est absolument pas liée à la gravité du mal de dos. La douleur est très subjective et influencée par de nombreux facteurs biologiques… mais aussi psychologiques et sociaux. Il s’agit en fait d’un signal d’alarme de votre corps. Mais ce signal peut être plus ou moins sensible et sensibilisé selon les gens et selon les situations.

De même, la douleur n’est pas liée à la gravité des lésions !

Car certes, des anomalies à l’imagerie sont plus présentes chez les sujets douloureux, MAIS des anomalies à l’imagerie sont très souvent présentes chez des sujets NON DOULOUREUX !

Par exemple, une étude de 2015 révèle que 37% des personnes âgées de 20 ans, SANS DOULEUR, ont une dégénérescence discale dans leur colonne vertébrale (Brinjikji 2015). Le chiffre monte jusqu’à 96% des individus de 80 ans ! Et toujours sans douleur ! 

29% des personnes de 20 ans ont même carrément une protrusion d’un disque intervertébral (le disque « sort », il fait une bosse, un début de hernie discale), mais sans aucune douleur !

96% des athlètes de moins de 22 ans montreraient des variations sur une IRM que certains qualifieraient « d’anormales », de « lésions anatomiques ». (Rajeswaran 2014)

ET pas de douleur !

Bonne santé et sans douleurs !
Pas de douleur malgré les signes sur les radios !

Alors, à quel moment le mal de dos est-il un danger ?

Les médecins parlent généralement de « lombalgie commune », lorsque la douleur n’est associée à aucun signe d’alerte, lorsqu’elle n’est liée à aucune cause particulière. Généralement, c’est une douleur de type « mécanique », qui augmente à l’effort.

Quelquefois malgré tout, les douleurs peuvent être dues à une pathologie sous-jacente : on parle alors de lombalgie symptomatique (ou cervicalgie / dorsalgie symptomatique selon la localisation).

Il y a principalement 6 pathologies graves qui peuvent déclencher des douleurs lombaires :

  • Traumatique : une fracture vertébrale
  • Inflammatoire: une maladie inflammatoire de type arthrite, comme la spondylarthrite, etc.
  • Neurologique: qui touche un nerf, syndrome de la « queue de cheval » par exemple
  • Tumoral: un cancer au niveau d’une vertèbre
  • Infection : une infection d’une vertèbre ou du disque intervertébral
  • Vasculaire: une maladie liée à une mauvaise circulation du sang, une atteinte de l’artère abdominale par exemple qui peut provoquer des maux de dos.

Mais rassurez-vous, selon une étude de 2009, cela ne concerne que 0,9% des lombalgies !

Les pathologies sérieuses liées à la lombalgie sont rares donc,  mais elles existent !

Aussi vaut-il mieux les détecter au cas où…

C’est pour cela que vous allez rechercher la présence de « drapeaux rouges » !

Drapeaux rouges : les signes de gravité du mal de dos.

II) Les drapeaux rouges dans le mal de dos

La présence de drapeaux rouges va vous permettre de savoir si vous devez consulter un médecin, ou pour votre médecin, de savoir s’il doit vous orienter vers des examens complémentaires.

Mais qu’est-ce que c’est un drapeau rouge lorsqu’on parle de mal de dos ?

Un drapeau rouge, est un signe, un symptôme ou un élément de l’histoire du patient qui peut faire suspecter une pathologie sérieuse, notamment les 6 évoquées précédemment.

Les drapeaux rouges sont nombreux et malheureusement, il n’existe pas de consensus définitif sur les liens réels entre tel drapeau rouge et telle pathologie.

Mais notez bien une chose : un drapeau rouge isolé ne veut pas dire grand-chose, car ces drapeaux rouges sont peu spécifiques.

Ces drapeaux rouges constituent en fait un faisceau d’indices que votre kinésithérapeute ou votre médecin utilisera et devra interpréter, avec d’autres indices relevés lors de votre examen, tel un véritable détective pour déterminer ou écarter toute pathologie grave liée à votre mal de dos.

En fait pour simplifier, les drapeaux rouges sont tous les signes qui vont nous permettre d’écarter la probabilité que le mal de dos soit lié à une des 6 pathologies évoquées précédemment : TINTIV,  traumatique (fracture), inflammation, neurologique, tumorale, infection, vasculaire.

Mal de dos et drapeaux rouges : les signes de gravité.
Le médecin ou le kinésithérapeute devront chercher tous les indices liés à vos douleurs dorsales.

La Haute Autorité de Santé nous en donne 12 principaux, mais ils ne sont pas exhaustifs :

  1. Âge d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans: là on voit clairement qu’un seul drapeau ne veut rien dire… heureusement que toutes les personnes de plus de 55 ans qui ont mal au dos n’ont pas forcément un problème grave…
  2. Douleur de type non mécanique : Une douleur mécanique est plutôt une douleur qui va apparaître lors d’effort et se calmer au repos. Mais un drapeau rouge sera plutôt une douleur de type inflammatoire :
    • une douleur qui s’aggrave progressivement en l’absence d’augmentation significative de l’activité : par exemple, si vous donniez une note de 0 à 10 à votre douleur, 0 correspondant à l’absence de douleur et 10 une douleur insupportable qui vous fait vous évanouir, une douleur qui s’aggrave c’est quand la douleur était à  5/10 au repos, vous êtes toujours au repos et elle est aujourd’hui de 8/10…
    • des douleurs qui diminuent avec une activité douce comme la marche et qui s’aggravent au repos 
    • une douleur durant la nuit, qui vous réveille sans avoir bougé vers 2 ou 3 heures du matin et vous empêche de vous rendormir… elle persiste même allongé
    • ressentez-vous un verrouillage matinal supérieur à 30 minutes ?
    • vos douleurs sont soulagées par les anti-inflammatoires?
    • des antécédents de maladie inflammatoire?

Pour en savoir plus sur la différence entre une douleur de type mécanique (comme dans l’arthrose) et une douleur de type inflammatoire (comme dans l’arthrite) je vous renvoie à ùon précédent article sur le sujet : Comment faire la différence entre arthrite et arthrose [RHUMATISMES] ?

3. Symptôme neurologique étendu: déficit dans le contrôle de vos selles et de vos urines (fuites ou au contraire rétentions), irradiation au niveau des jambes ou des bras avec atteinte motrice, syndrome de la queue-de-cheval… On va y revenir dans quelques minutes…

4. Paresthésie au niveau du pubis (ou périnée) : La paresthésie est un trouble de la sensibilité s’apparentant à une sensation de picotement et d’engourdissement… quand vous vous essuyez aux toilettes par exemple…

5. Traumatisme important: tel qu’une chute de hauteur, ou accident de la route, une opération…

6. Perte de poids inexpliquée (1kg/mois sans régime ni augmentation du sport)

7. Antécédent ou suspicion de cancer, présence d’un syndrome fébrile

8. Usage de drogue intraveineuse, ou usage prolongé de corticoïdes (par exemple thérapie de l’asthme)

9. Déformation structurale importante de la colonne

10. Douleur thoracique(rachialgies dorsales)

11. Fièvre : frissons, tremblements, sueurs froides…syndrome inflammatoire (chaud, rouge, gonflé, douloureux), nausées, vomissements…

12. Altération de l’état général : vous êtes tout le temps fatigué(e) sans raison, des vertiges, un pouls filant…

 

 

Mais on pourrait ajouter : le fait d’être fumeur, une grande consommation d’alcool, une fatigue chronique, une pathologie ou des antécédents cardiaques, le VIH, une douleur mal localisée qui augmente en position allongée…

La recherche de ces signes d’alerte doit être systématique pour toute douleur lombaire récente, nouvelle.

Gardez-les à l’esprit aussi lors du suivi, à tous les stades de votre prise en charge, surtout si vos symptômes s’aggravent, si vous avez de nouveaux symptômes qui apparaissent.

La présence de ces signes peut nécessiter une prise en charge médicale spécifique et/ou  une chirurgie en urgence.

 

Ainsi la présence de plusieurs de ces drapeaux rouges devrait vous inciter à consulter un médecin de façon plus ou moins urgente selon les signes …

Quand faut-il aller aux urgence pour un mal de dos ?
Mal de dos : faut-il se rendre aux urgences ?

III) Quand faut-il aller aux urgences face à une douleur lombaire ?

Les motifs de consultations aux urgences sont finalement peu nombreux.

Vous avez :

  1. Les signes d’une compression nerveuse importante
  2. Un mal de dos accompagné de douleur dans la poitrine, dans le bras gauche et dans la mâchoire ou de sueurs froides, de malaise voire de lèvres bleutées, il faudra immédiatement contacter le SAMU en composant le 15 ou le 112 ou bien se rendre dans le service d’urgence le plus proche car ce sont les signes d’un infarctus. Mais souvent dans ce cas-là, la douleur dorsale passe presque inaperçue…

Donc, revenons sur les signes de compression nerveuse.

Schématiquement au niveau du système nerveux vous avez le système nerveux moteur qui va s’occuper de votre motricité, qui vous permet de bouger ; et le système nerveux sensitif, qui vous permet de ressentir tout ce qui vous entoure.

Si le système nerveux sensitif est touché, vous avez des sensations bizarres dans vos jambes (fourmillement, électricité, les jambes « en coton »), c’est à surveiller et un motif de consultation de votre médecin, mais ce n’est pas encore une urgence.

Exception : si les troubles sensitifs ont lieu au niveau de la sphère génitale ou anale, on parle d’anesthésie en selle.  

Selle de cheval.
En cas de mal au dos, une anesthésie sur la zone où vous êtes assis sur une selle de cheval est mauvais signe...

Par contre en cas de déficit moteur, là c’est un motif de consultation en urgence :

  • Une perte de force importante dans une jambe ou les deux :
    • incapacité à monter sur la pointe des pieds (ou du pied de la jambe concernée),
    • ou bien incapacité à relever la pointe du pied
    • ou alors le pied tombe pendant la marche, qui traîne.
    • des difficultés à bouger vos orteils,
    • vos membres ne répondent plus, vous lâchez des objets sans raison, etc.
  • Une perte de force qui empire avec le temps.
  • Une dysfonction génito-urinaire, c’est-à-dire une incontinence urinaire ou fécale (ou au contraire, rétention urinaire ou fécale), une impuissance sexuelle inédite et/ou perte de sensations lors des rapports sexuels.

C’est l’histoire du gars, appelons-le Georges,  qui se croyait devenir super bon au lit parce qu’il était plus endurant, tout simplement parce qu’il avait une perte de sensation liée à une hernie qui lui comprimait un nerf…

Attention à vos performances sexuelles lors d'un mal de dos.
Mal de dos et changements des performances sexuelles ne sont pas toujours une bonne nouvelle...

Les troubles sensitifs et moteurs liés à la sphère génito-anale sont souvent relatifs au « syndrome de la queue de cheval ».

Ce syndrome est relativement rare, mais constitue une urgence absolue, car il y a un risque de séquelles neurologiques définitives au niveau moteur, sensitif et vésico sphinctérien.

… quelques jours de plus et George, notre Rocco Sifredi en herbe, risquait d’être paralysé à vie !

Les troubles urinaires sont un bon indicateur, mais attention parfois ils ne sont pas en même temps que les douleurs dorsales, mais en « décalé »…

 

Autre urgence : la sciatique hyperalgique: douleur intense, résistante au traitement morphinique.

 

Encore une fois ces urgences sont rares, mais il y a d’autres drapeaux rouges qui invitent néanmoins à consulter un médecin rapidement… On n’est plus sur une urgence, mais il ne faut pas traîner quand même…

Consulter son médecin en cas de mal de dos.

IV) Quand consulter son médecin rapidement avec le mal de dos ?

Il faut absolument consulter son médecin rapidement si on suspecte :

Fractures: Le mal de dos est consécutif à une chute, un choc, ou un coup, et ce tout particulièrement chez les femmes de plus de 65 ans avec risque d’ostéoporose, chez les personnes qui fument, consomment de l’alcool, prennent des corticoïdes de façon prolongée, présentent un diabète ou ont des antécédents de cancer.

Cancer: patient de plus de 50 ans, perte de poids inexpliquée, antécédent de cancer, échec du traitement symptomatique bien conduit. Une douleur ressentie comme inhabituelle.

Infection: fièvre, douleur qui augmente la nuit en position allongée, diminution de l’immunité, toxicomanie, utilisation prolongée de corticoïdes. Le mal de dos s’accompagne d’une altération progressive de l’état général, augmente au fil du temps et n’est pas soulagé par des antalgiques.

 

Si vous repérez plusieurs de ces drapeaux rouges chez vous : foncez voir votre médecin ! (Rapidement en cas de signes neurologiques soudains !)

D’une manière générale : Si y’a un doute, y’a pas de doute ! Allez voir votre médecin !

Rappelez-vous  qu’il existe différents types de lombalgies et que chaque personne est différente : votre médecin sera le mieux placé pour vous aiguiller en fonction de votre cas particulier.

S’il n’y a aucun drapeau rouge, aucun signe évocateur d’une potentielle pathologie grave, il s’agit d’une lombalgie commune, qui peut être très douloureuse, associée à des dégradations visibles sur l’imagerie ou pas, mais qui n’est pas grave et généralement de bon pronostic.

Dans ce cas, pour en savoir plus sur comment vous débarrasser de votre mal de dos, je vous invite à télécharger gratuitement mon livre « Mal de dos : 8 clés prouvées scientifiquement pour soulager vos douleurs » ou à le commander directement sur Amazon en version imprimée, si vous préférez le tenir entre vos mains.

Pour les autres, parlez-en à votre médecin et adaptez les conseils en fonction de votre situation.

J’espère que cet article vous aura plu, si c’est le cas ou si vous avez des questions n’hésitez pas à me le dire en commentaire.

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Vous pouvez retrouver la vidéo correspondante à l’article ICI :

SOURCES :

Finucane L., Downie A., Mercer C., Greenhalgh S., Boissonnault W.G., Pool-Goudzwaard A., Beneciuk J., Leech R., Selfe J. International Framework for Red Flags for Potential Serious Spinal Pathologies. JOSPT 2020

Sue Greenhalgh, Laura M Finucane,, Christopher Mercer, James Selfe, Safety netting; best practice in the face of uncertainty, Musculoskelet Sci Pract 2020 Aug;48:102179

Recommandations HAS 2019.

 

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