Algodystrophie [SDRC] : rééducation et auto mobilisations de la main et du poignet.

Vous avez mal… très mal, anormalement mal, car, après tout, vous êtes tombé récemment, mais vous ne vous étiez fait qu’une petite foulure du poignet… d’ailleurs elle commençait à aller mieux quand tout à coup, cela a empiré !

Ou alors peut-être que vous aviez une fracture de l’épaule et de la même façon, l’hématome s’évacuait, votre bras était moins endolori quand finalement revirement de situation, la douleur est devenue atroce, les doigts gonflés, peut-être même chauds, avec une transpiration excessive…

Forcément cela vous inquiétait, et plus vous vous inquiétiez et plus cela allait mal… comme un mauvais cercle vicieux…

Alors, vous cherchiez ce que cela pourrait être, vous avez demandé à votre médecin, vous avez cherché sur le net… et un mot barbare est ressorti : algodystrophie !

I) Algodystrophie : un Syndrome Douloureux Régional Complexe… très complexe !

L’algodystrophie, encore appelée neuro-algodystrophie, syndrome épaule-main, dystrophie sympathique réflexe, causalgie, maladie de Sudek ou Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC), est une affection douloureuse chronique qui peut survenir après un traumatisme mineur ou une intervention chirurgicale. D’ailleurs elle apparaîtrait dans près de 7% des fractures du membre supérieur !

En plus des caractéristiques classiques de la douleur de type neuropathique (douleur brûlante intense, hyperalgésie et allodynie, c’est à dire une douleur déclenchée par un stimulus qui est normalement indolore, comme un léger effleurement de la peau), l’algodystrophie est associée à un œdème local et à des changements suggérant une implication du système nerveux autonome (transpiration, modification de la couleur et de la température de la peau dans la région touchée). 

Il peut également y avoir des modifications trophiques de la peau, des poils (hypertrichose) et des ongles et une altération de la fonction motrice (perte de force, diminution de l’amplitude des mouvements actifs et tremblements).

C’est une affection multifactorielle avec une cause complexe et une physiopathologie encore plus complexe. 

D’où son nom : Syndrome Douloureux Régional Complexe ! (donc SDRC, mais on parle d’algo pour les intimes)

Les mécanismes physiopathologiques de l’algodystrophie  touchent différents domaines.

Les mécanismes du système nerveux périphérique (nerfs) et central (cerveau et moelle épinière) sont impliqués. Ceux-ci incluent une sensibilisation périphérique et centrale, une inflammation, une fonction sympathique et catécholaminergique altérée, une représentation somatosensorielle altérée dans le cerveau (le fameux homunculus de Penfield pour les connaisseurs).

Un peu comme s’il y avait un « bug » dans le cerveau et qu’il déclenchait une forte inflammation sans « vraie » raison… (oui, puisqu’à la base le corps déclenche une inflammation face à une lésion pour réparer ce qui a été abîmé)

L’auto-immunité peut aussi jouer un rôle dans l’algodystrophie ainsi que des facteurs génétiques et des facteurs psychologiques.

Mais d’ailleurs à propos de ces derniers on a longtemps cru, et c’est ce que j’avais appris en tant que kiné, que l’algodystrophie se développait chez des patients avec un terrain « psy », des personnes très anxieuses, voire dépressives…

Au final, aujourd’hui, on en est beaucoup moins sur ! Des gens très calmes peuvent aussi développer des algodystrophies et au final il serait possible que ce soit plutôt l’inverse c’est-à-dire que l’algodystrophie entraîne anxiété et dépression chez les personnes qui en sont atteintes à force de souffrir tous les jours !

Donc il y a bien un lien entre anxiété et algodystrophie, mais c’est un peu l’histoire de l’œuf et de a poule, on ne sait pas trop qui est arrivé en premier… Par contre l’anxiété et la dépression, en perturbant le système nerveux sympathique, vont participer à entretenir ou accentuer l’algodystrophie et maintenir un cercle vicieux de dégradation

Bref ! Tous ces paramètres s’entremêlent pour aboutir à une douleur et une invalidité sévères. 

Les patients atteints d’algodystrophie peuvent voir leur qualité de vie et leurs capacités fonctionnelles grandement affectées et ils ont besoin d’interventions appropriées.

Actuellement le traitement optimal doit être multidisciplinaire en mettant l’accent sur la mobilisation du membre atteint.

La rééducation sera proposée systématiquement et précocement avec pour objectif le maintien ou la restauration de la mobilité articulaire.

Actuellement, le traitement optimal doit être multidisciplinaire en mettant l’accent sur la mobilisation du membre atteint

L’immobilisation est à proscrire, c’est un facteur aggravant de la pathologie.

Il est important de continuer à mobiliser l’articulation atteinte afin de stimuler le drainage et d’entretenir la mobilité.

 

C’est pourquoi nous allons voir ensemble une séance d’automobilisation de la main et du poignet afin de pouvoir diminuer les symptômes de l’algodystrophie !

II) Une notion cruciale sur la douleur dans l’algodystrophie !

Mais avant de commencer la séance, il est impératif de faire un point sur la notion de douleur !

En effet, contrairement à bon nombre d’affections traitées par la rééducation, la règle de la non-douleur n’est plus recommandée ici !

La douleur peut être provoquée ou augmentée par les soins de mobilisations. Il ne s’agit pas de vous faire très mal, la douleur doit rester supportable et ne pas durer au‑delà de quelques heures après le travail articulaire. Si vous ne pouvez pas dormir à cause de la douleur c’est que vous en avez trop fait et qu’il faudra en faire moins la prochaine fois…

Disons que sur une échelle de 0 à 10 avec 0= pas de douleur et 10 = douleur insupportable à la limite de l’évanouissement, visez un 5/10 me paraît un bon compromis…

Cette douleur doit être prise en charge. C’est-à-dire qu’il vaut mieux que vous bougiez, quitte à prendre des médicaments pour ne pas avoir mal, plutôt que vous restiez immobile pour ne pas avoir mal…

Mais comme d’habitude, voyez avec votre médecin pour la prise de médicaments !

 Si les douleurs se modifient, il faut en parler avec les soignants afin que le traitement soit réévalué.

 

En avant pour la séance de mobilisations !

III) Mobilisation de la main et du poignet dans l’algodystrophie.

Vous pouvez retrouver la séance de mobilisation en vidéo ici :

Rééducation du poignet :

  1. Auto mobilisations en flexion/extension, puis inclinaison, puis prono/supination.
  2. Traction du poignet dans l’axe
  3. Étirement des muscles de l’avant-bras
  4. Mobilisation -étirements du poignet avec la main sur table

Rééducation de la main :

  1. Mobilisation active aidée de l’enroulement des doigts

NB : l’actif aidé sera toujours préférable au passif pur pour favoriser un mouvement en glissement au niveau des articulations des doigts et non en bâillement (comme le favorisent les mobilisations purement passives).

  1. Mobilisation de la MP
  2. Mobilisation de L’IPP
  3. Traction des articulations des doigts
  4. Posture en griffe

Travail actif de la main :

  1. Enroulement des doigts
  2. Écarts des doigts
  3. Travail actif de l’extension des doigts
  4. Travail actif des métacarpophalangiennes
  5. Travail actif des muscles intrinsèques de la main
  6. Mobilisations actives du pouce

Deux exercices particulièrement intéressants face à l’algodystrophie :

  1. Posture en flexion avec bandage
  2. Travail fonctionnel de la dextérité, de la préhension fine

Bien sûr la prise en charge de l’algodystrophie ne se limite pas à ces automobilisations, il existe d’autres techniques particulièrement efficaces comme entraînement de la discrimination sensorielle, la rééducation sensitive selon Spicher, l’imagerie motrice et la thérapie miroir, des techniques également utilisées dans le traitement de l’hémiplégie ou du syndrome du membre fantôme… mais nous en reparlerons dans de prochains articles !

D’ici là, essayez d’avoir une utilisation aussi normale que possible du membre atteint lors des activités du quotidien !

Le SDRC est une pathologie non grave d’évolution favorable dont la durée est difficile à prévoir.

Peut-être, utilisez-vous d’autres techniques face à l’algodystrophie, dites-le-moi en commentaire !

De même, testez la séance et donnez-moi votre ressenti !

 

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À bientôt !

 

SOURCES :

Recommandations diagnostiques et de prise en charge thérapeutique des syndromes douloureux régionaux complexes : les recommandations de Lille (2019)

« Syndrome douloureux régional complexe : une mise à jour récente » En Lin Goh , Swathikan Chidambaram ,et Daqing Ma (2017)

« Algoneurodystrophie », Villa Maria Galve, Bjarne Rittig-Rasmussen, Lene Moeller Schear Mikkelsen, Anne Groendahl Poulsen (2016)

« Algoneurodystrophie »  Stephen Bruehl, (BMJ 2015)

« Syndrome douloureux régional complexe : mises à jour récentes » Praveen Ganty et al (2014)

« Evidence based guidelines for complex regional pain syndrome type 1 » Roberto S Perez et al. (2010)

Kiné spécialiste de la main : https://www.tessadit-aissaoui-kinesitherapie.com/

 

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