Vous avez de l’arthrose ? Ou non c’est plutôt de l’arthrite ? En fait vous ne savez pas vraiment ?
Dans cet article je vais vous montrer comment faire la différence entre l’arthrite et l’arthrose pour mieux vous soigner !
Pas facile de différencier l’arthrose de l’arthrite. Les deux sont souvent confondues, et pour cause :
- Ces deux pathologies appartiennent à la famille des rhumatismes.
- Elles concernent toutes deux les articulations.
- Et entraînent toutes les deux des douleurs articulaires parfois invalidantes.
D’ailleurs les Anglo-Saxons, englobent les deux termes avec « arthritis ». Ils ne font pas cette distinction, pourtant significative à la fois sur le plan clinique et en termes de santé publique.
Il est en effet primordial de les différencier !
Dès les années 1930, les rhumatologues français ont établi une différence entre ces deux maladies de l’articulation, sur la base des symptômes, des causes et de l’évolution.
Aujourd’hui encore, les signes physiques et biologiques sont essentiels dans un diagnostic différentiel de ces deux maladies qui nécessite peu d’examens.
Comme nous allons le voir, quelques questions offrent déjà des réponses importantes, à la fois pour le diagnostic et le traitement.
Il faut bien comprendre la différence entre arthrite et arthrose pour mieux se soigner !
On va donc s’intéresser à leurs différences au niveau de leurs mécanismes d’action, de leurs causes, de leurs symptômes et bien sûr de leur traitement pour vous aider à vous repérer.
Sommaire :
Arthrite et arthrose : Des mécanismes différents
L’arthrose est une maladie « mécanique » alors que l’arthrite est une maladie « inflammatoire ».
Pour faciliter la compréhension, regardons déjà comment est organisée une articulation.
L’articulation :
Une articulation c’est la rencontre de deux extrémités osseuses qui vont bouger entre elles. Le cartilage recouvre les extrémités osseuses, assure leur protection et facilite la congruence, le glissement et leur mouvement. Cette action est soutenue par la membrane synoviale qui entoure l’articulation et va sécréter un liquide, le liquide synovial. Ce liquide aide les surfaces à glisser les unes sur les autres et favorise le mouvement comme le ferait un lubrifiant.
Les Ligaments et les muscles servent quant à eux à stabiliser et faire bouger l’articulation.
Le cartilage joue aussi le rôle d’amortisseur il doit donc être à la fois rigide et déformable pour encaisser tous les chocs. Cela tout en répartissant de façon équilibrée les pressions qui vont s’exercer sur l’articulation.
Il est constitué de 70% d’eau, de collagène (qui lui permet de fonctionner comme une éponge) et de chondrocytes, cellules qui vont permettre au cartilage de se régénérer.
Des mécanismes différents : mécanique vs inflammatoire
L’arthrose est une altération du cartilage, qui recouvre l’articulation. Une dégénérescence du cartilage.
Le cartilage se fissure, puis s’amincit et ne remplit plus son rôle de facilitateur de mouvements. Au final le cartilage disparait. Lors du mouvement, les os constituant l’articulation se frottent l’un à l’autre sans la protection du cartilage et donnent des douleurs.
L’os va se reconstruire, mais parfois de façon anormale en formant des ostéophytes ou becs de perroquets. Ils ne sont pas forcément douloureux en eux-mêmes, mais ils peuvent irriter un tendon, un ligament ou un nerf qui passent à côté.
L’articulation devient raide, douloureuse et on perd en amplitude.
L’arthrose, qui touche 17 % de la population en France, 7 à 10 millions de personnes, est une affection des plus courante dans la vie quotidienne.
L’arthrite est une inflammation de la membrane qui entoure l’articulation.
L’inflammation engendre la sécrétion de substances détruisant graduellement la structure du cartilage. Les articulations se déforment parfois, parallèlement à l’évolution de la maladie.
C’est un terme général qui regroupe de nombreuses pathologies :
- Polyarthrite rhumatoïde, la plus fréquente touche 0,4 % de la population. C’est une maladie auto-immune, le système immunitaire est déréglé et attaquent les articulations et le cartilage. On retrouve des déformations, comme les doigts en coup de vent (doigts en dehors).
- Spondylarthrite ankylosante, qui touche les jeunes hommes ayant la vingtaine, on trouvera une colonne vertébrale en bambou.
- Maladie de Horton, qui vient d’une artérite temporale et peut se compliquer d’une cécité.
- Goutte (uricémie)
- Chondrocalcinose
- …
L’arthrite regroupe toute maladie inflammatoire, aiguë ou chronique (si elle dure plus de 3 mois), qui touche les articulations.
Par rapport à l’arthrose, ces maladies sont plus rares, plus intenses et plus graves puisqu’elles peuvent être mortelles. Elles peuvent se propager à d’autres organes (peau, cœur, poumons, tube digestif…) et toucher des patients plus jeunes.
Elle a bénéficié au cours des dix dernières années de progrès thérapeutiques significatifs qui permettent de ralentir et même de prévenir son évolution et de sauver des vies.
Consulter rapidement le médecin pour limiter la progression et voir les annuler.
On a donc simplement l’arthrose mécanique et l’arthrite inflammatoire, mais dans l’arthrose aussi on peut avoir une inflammation !
Les pathologies d’arthrose ont au cours de leur évolution des phénomènes inflammatoires et des crises, où l’articulation est chaude et enflée. On a un épanchement comme avec l’arthrite !
Qu’est-ce qu’un épanchement ?
L’épanchement est un gonflement de l’articulation provoqué par un liquide. La ponction de l’articulation rapporte du liquide dont l’analyse différencie les deux diagnostics.
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Des causes différentes !
Arthrite :
Comme l’arthrite regroupe plusieurs maladies différentes, ses causes peuvent être variées :
Infectieuse :
Dans les arthrites septiques, provoquées par un germe ayant pénétré l’articulation. Soit par voie sanguine depuis une infection distante, soit par accident avec une blessure ouverte ou une infiltration. Souvent dans la monoarthrite, l’articulation est rouge et gonflée, le mouvement est quasi impossible, accompagné de fièvre et de frissons. À traiter rapidement en identifiant le germe au plus vite.
Métaboliques :
Comme dans les Arthrites microcristallines : accumulation dans l’articulation de microcristaux d’acide urique (goutte), de pyrophosphate de calcium (chondrocalcinose) ou d’apatite (maladie de calcifications multiples). Les crises sont douloureuses, le gonflement est rapide, mais transitoires et sans séquelles.
Auto-immunes :
Pour de nombreuses arthrites aseptiques comme la plus fréquente la polyarthrite rhumatoïde.
D’autres maladies :
L’arthrite peut aussi accompagner d’autres maladies comme un psoriasis. Dans l’arthrite psoriasique ou certaines maladies neurologiques (arthrite nerveuse), en réaction à une infection en dehors de l’articulation…
Génétiques :
L’arthrite est souvent causée par des facteurs héréditaires.
De plus, les personnes ayant un dérèglement immunitaire ou un déséquilibre chimique sont souvent plus à risque.
Arthrose :
On a longtemps cru que la cause de l’arthrose était simplement de l’usure, mais en réalité c’est un peu plus complexe. Il y a des phénomènes actifs, comme des enzymes gloutons qui grignoteraient le cartilage.
Aussi l’âge et le surpoids sont des facteurs de risque qui favorisent l’apparition de l’arthrose, mais ce ne sont pas sa cause !
D’ailleurs 1/3 des personnes atteintes d’arthrose ont moins de 40 ans !
En plus du vieillissement et de l’obésité y a d’autres facteurs favorisants :
- Anomalies anatomiques (jambe plus courte que l’autre, etc…).
- Surcharge articulaire (certaines activités professionnelles ou sportives).
- Facteur héréditaire, mais varie selon l’articulation (vrai pour la hanche, moins pour le genou).
- Tabac
Les articulations les plus touchées sont celles du genou, de la hanche ou de la colonne vertébrale (arthrose cervicale).
Comment je fais pour savoir si j’ai une arthrite ou une arthrose ?
Tout simplement en regardant vos symptômes. Les symptômes de l’arthrite et ceux de l’arthrose sont très différents.
Des symptômes distincts
Douleurs
Bien entendu, l’arthrite et l’arthrose présentent toutes deux des douleurs articulaires. Mais ces douleurs sont différentes en bien des aspects.
En présence d’arthrose, les douleurs sont dites « mécaniques » : elles se manifestent généralement le jour. Elles augmentent lors de la mise en charge, lors de l’effort. Elles sont plus importantes en fin de journée et calmée par le repos. La nuit, une douleur peut survenir seulement lors d’un mouvement.
Pour ce qui est de l’arthrite, les douleurs ne sont pas calmées par le repos. La sollicitation douce de l’articulation permet généralement de réduire l’intensité des douleurs. L’arthrite se caractérise par des douleurs souvent nocturnes pouvant réveiller le malade.
Inflammation
Avec l’arthrite il est question d’inflammation intense, l’articulation est chaude, rouge, gonflée et douloureuse. L’épiderme est localement rosé ou rouge, voire violacé.
Dans l’arthrose des craquements sont fréquents et aucun signe d’inflammation (chaleur, rougeur, œdème) n’est présent en général. Excepté parfois APRÈS un effort intense ou un traumatisme qui aurait lésé le cartilage.
Comme un caillou dans une chaussure, un bout de cartilage crée un gène dans l’articulation et le corps va réagir pour s’en débarrasser. Le problème c’est qu’il ne fait pas la différence entre le bout de cartilage gênant et le cartilage sain de l’articulation…
L’arthrose peut évoluer par poussées dites congestives : la douleur devient plus persistante, l’articulation est gonflée, raidie, mais une ponction précise la nature « mécanique » et non inflammatoire.
Les poussées congestives correspondent à des phases de destruction du cartilage (chondrolyse) au cours desquelles celui-ci est amolli, très fragile. Un amincissement peut survenir.
Dérouillage matinal
Avec l’arthrite, les articulations nécessitent un « dérouillage » matinal, de près d’une heure, le temps qu’elles s’échauffent et que la raideur passe. Le matin les articulations ne retrouvent leur mobilité qu’après une période d’échauffement, dont la durée constitue un bon témoin du degré de l’inflammation.
Dans l’arthrose aussi un dérouillage est parfois présent, après une posture prolongée ou le matin, mais celui-ci ne dure que quelques minutes. 30min tout au plus, alors que dans l’arthrite le dérouillage matinal peut facilement nécessiter une heure !
voir la vidéo présentant quelques étirements à réaliser le matin ==>
Les signes biologiques
Une prise de sang peut être effectuée.
En cas d’arthrite on pourra identifier des facteurs d’inflammation comme la C-Réactive Protéine, le facteur rhumatoïde, ou divers anticorps (antigène HLA B27 pour la spondylarthrite par exemple).
La vitesse de sédimentation globulaire est accélérée dans les arthrites.
Elle est normale dans l’arthrose.
Une ponction (arthrocentèse) peut être réalisée pour analyser le liquide synovial.
En tout premier lieu, il suffit de compter les cellules au microscope pour orienter instantanément le diagnostic. Un petit nombre de cellules synoviales et de lymphocytes signe la présence d’une arthrose alors que de nombreux polynucléaires signalent une arthrite inflammatoire ou septique.
D’autres examens permettent de confirmer le caractère inflammatoire de la maladie et de rechercher un germe pathogène ou des microcristaux dans les cas d’arthrite.
Au besoin, une biopsie de la membrane synoviale peut être réalisée.
Déformation de l’articulation
Arthrite : Déviation en coup de vent des doigts. Perte de fonction.
Dans l’arthrose, une radio peut nous montrer un pincement de l’interligne et parfois des ostéophytes.
Une simple radiographie suffit à porter le diagnostic. Elle peut être normale, mais à un stade avancé on observe un pincement de l’interligne articulaire. C’est une condensation de l’os situé sous le cartilage et la présence d’ostéophytes ou becs de perroquets, témoignant de l’effort de reconstruction de l’organisme.
Situés en dehors de l’articulation ils ne génèrent en eux-mêmes aucune douleur, sinon une légère diminution de l’amplitude articulaire.
Âge
De manière générale, l’arthrite touche des personnes plus jeunes que l’arthrose.
Symétrie
L’arthrite est souvent bilatérale, par exemple dans la polyarthrite rhumatoïde, les deux mains seront douloureuses.
Tandis que dans l’arthrose, les atteintes sont plus fréquemment asymétriques, uniquement d’un côté.
Des traitements adaptés à l’origine
Déterminer si vous avez une arthrite ou une arthrose vous permettra de choisir le traitement le plus adapté à votre situation.
L’arthrite se caractérise par un niveau d’inflammation très élevé. L’évolution est souvent rapide, sur quelques années, et remet rapidement et parfois radicalement en question la qualité de vie du patient. Il faut traiter rapidement, car des lésions de l’os ou du cartilage peuvent être irréversibles en quelques jours.
Les traitements s’attaquent de manière plus ou moins ciblée à cette inflammation et peuvent conduire, désormais, à une rémission complète.
Il y a eu de très gros progrès ces dernières années.
Par exemple avant en cas de lupus, on déconseillait d’avoir une grossesse, mais maintenant des nouveaux médicaments le permettent.
Le traitement de l’arthrite peut être spécifique selon sa cause :
- Des antibiotiques si elle est provoquée par une bactérie, dans l’arthrite septique.
- Une biothérapie pour celles qui ont une origine auto-immune. Des médicaments qui vont jouer sur le système immunitaire : anti-TNF, les cellules souches semblent également prometteuses…
- Corticostéroïdes dans la polyarthrite rhumatoïde.
- Pour des arthrites métaboliques, cela repose sur la correction des anomalies métaboliques (par exemple des uricosuriques pour la goutte et un régime alimentaire approprié).
D’une manière générale, le traitement de l’arthrite se fera avec :
- Des antalgiques classiques (paracétamol, anti-inflammatoires) pour diminuer les douleurs.
- Du repos, pendant les phases « chaudes », avec immobilisation de l’articulation conseillé.
- De la kinésithérapie vient après (à « froid ») pour aider au mouvement et à la mobilité.
Pour maintenir la mobilité malgré l’arthrite, découvrez des exercices spécifiques et des conseils pour soigner les rhumatismes de manière naturelle.
L’arthrose a longtemps été considérée comme inéluctable et sa prise en charge laissait à désirer.
En premier lieu on essaye de diminuer les facteurs de risque si possible :
- Éviter traumatismes et surmenage.
- Diminuer le poids superflu par un régime.
- Opération de réalignement.
- Thermalisme, physiothérapie.
Il n’y a pas de facteur d’urgence comme avec l’arthrite.
À l’heure actuelle, on tente de soulager les douleurs à l’aide d’antalgiques (paracétamol, anti-inflammatoire durant les poussées).
Les infiltrations sont de deux types :
- À l’aide de corticoïdes pour un effet anti-inflammatoire qui va calmer la douleur, mais ne réparera pas le cartilage abimé (la chondrolyse) ;
- Ou à base d’acide hyaluronique pour pallier l’insuffisance de liquide synovial.
Les anti-arthrosiques d’action lente (glucosamine, chondroïtine sulfate, Piasclédine®) agissent en quelques semaines. Les études sont toutefois controversées sur leurs effets et leur efficacité. Ils auraient une action sur la douleur et ralentiraient peut-être la progression de l’arthrose. Leur efficacité est évaluée de faible à modérer par la Haute Autorité de Santé. Ce qui a poussé l’Assurance-maladie à ne plus les prendre en charge.
Le plus important est d’éviter la sédentarité ! Dès le début de la maladie.
Une activité physique régulière favorise une activité anabolique dans le cartilage. L’exercice physique favorise la sécrétion de liquide synovial qui favorise le glissement et nourrit le cartilage !
De plus une musculature tonique protège l’articulation et prévient donc son apparition et son aggravation. L’entretien d’une bonne musculature compense en partie le mauvais état articulaire. Une information essentielle en termes de prévention, mais également de traitement.
La mise au repos n’est conseillée que lors des poussées congestives : cannes, collier cervical…
La crise passée, si l’épaisseur du cartilage est suffisante, l’articulation reprend une fonction normale.
Pour résumer :
Regardez l’Étymologie des mots : « arthr » = articulation. Arthrite : « ite » = inflammation
Donc un traitement contre l’inflammation : médicaments, argile verte…
Contrairement à l’arthrose où « ose » = usure, dégénérescence.
MAIS on sait aujourd’hui que c’est un peu plus complexe : il y a un phénomène actif qui intervient.
Il y a d’ailleurs une étude qui regarde l’évolution de l’arthrose depuis la préhistoire à aujourd’hui. La fréquence de l’arthrose est comparable de la préhistoire jusqu’aux années 1950, puis elle a doublé. Le poids peut expliquer cette hausse, mais pas à lui tout seul… Il y a également d’autres facteurs notamment environnementaux.
3 pistes actuelles :
- Au-delà de l’obésité, le syndrome métabolique : hypertension, diabète, anomalies lipidiques, l’alimentation… Quelque chose se passe qui fait qu’en plus du facteur poids (mécanique) le facteur métabolique pourrait intervenir.
- Sédentarité : (seating disease) : rester assis longtemps est nocif pour de nombreux organes. Dans une articulation qui ne bouge plus, le cartilage se fragilise.
- Traumatismes plus importants, sportifs essentiellement : il faut faire du sport, mais de façon encadrée ! Pas n’importe comment !
On voit donc que la prévention est un élément capital : en matière d’alimentation, de lutte contre la sédentarité et d’apprentissage des bons mouvements !
Ça tombe bien c’est ce que je vous propose sur santé de faire donc abonnez-vous ! demandez-moi des conseils, je réponds aux commentaires et aux mails.
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Merci, c’est très complet et intéressant, notamment dans le cadre de ma sclérodermie et de la polyarthrite qu’elle entraîne. beaucoup de mes amis n’arrivent pas à comprendre la différence entre l’arthrose et l’arthrite…
Bonjour Sébastien, content que ça ait pu t’intéresser, si ça peut être utile c’est le but ! A très bientôt sur Santé de faire.
Bon a savoir, c’est vrai qu’il est assez difficile de faire la différence entre les 2 !
Ravi que ça puisse clarifier les choses !
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