Maladie, phénomène ou syndrome de Raynaud : diagnostic et traitement.

Peut-être avez-vous tout le temps froid ?

Mains froides, nez glacé, et pieds gelés font partie de votre quotidien depuis des années ?

Est-ce que  vos doigts sont sensibles au froid de façon exagérée ?

Est-ce qu’ils changent de couleur lorsque vous les exposez à des températures trop basses ou lors d’émotions fortes ?

Vous vous retrouvez alors avec les doigts bleus, les doigts blancs, les doigts rouges, ou même les trois couleurs successivement ?

Bien évidemment le tout accompagné d’engourdissement, de picotements voire même de douleurs dans vos extrémités …

Il pourrait bien s’agir d’un syndrome de Raynaud

Rien à voir avec l’humoriste des années 50-60, Fernand Raynaud, ni avec l’acteur du Grand Bleu, Jean Reno, mais avec le médecin, Maurice Raynaud, qui en fit la première observation en 1862 et donna son nom à la maladie de Raynaud.

 

Mais alors qu’est-ce que le syndrome de Raynaud ?

Quelle différence y a-t-il entre phénomène de Raynaud  primaire, ou maladie de Raynaud, et phénomène de Raynaud  secondaire, ou syndrome de Raynaud ? Et vous verrez que ça a son importance !

Quelles sont les causes ? Les mécanismes du phénomène de Raynaud ?

Et surtout comment le prendre en charge ? Quels sont les meilleurs traitements ?

Dr Maurice Raynaud

I) Qu’est-ce que le syndrome de Raynaud ?

Le phénomène de Raynaud est une affection courante qui touche environ 5% de la population générale.

Le phénomène de Raynaud est un syndrome clinique survenant à la suite d’un vasospasme transitoire impliquant généralement de petits vaisseaux périphériques des doigts ou des orteils. On parle d’acrosyndrome (qui touche les extrémités).

Il provoque des changements de couleur caractéristiques des doigts, triphasique, commençant par une pâleur (doigts blancs, phase ischémique due à la vasoconstriction) et suivi d’une cyanose (doigts bleus, phase de désoxygénation du sang séquestré dans les doigts) et d’un érythème (doigts rouges, phase de reperfusion, le sang revient dans les doigts de façon intense).

Il est important de souligner que bien souvent  les patients ne présentent pas les trois changements de couleur, mais la plupart du temps au moins deux (biphasiques).

 

Les 3 phases du phénomène de Raynaud au niveau des vaisseaux sanguins.

Les changements de couleur sont associés à des engourdissements des doigts (93% des cas), des picotements (53% des cas) et des douleurs (28% des cas).

À un stade avancé, la mauvaise irrigation causée par le syndrome de Raynaud peut affaiblir les doigts et atténuer la sensation du toucher.

La maladie de Raynaud peut également affecter d’autres zones, notamment les lèvres, le nez, les oreilles et les mamelons. Les pouces sont généralement épargnés.

Cela peut se produire après une exposition à un environnement froid, un stress émotionnel ou d’autres expositions physiques ou médicamenteuses comme nous  le verrons plus loin.

 

Généralement, le diagnostic de Raynaud est confirmé s’il y a une réponse positive aux trois questions suivantes :

  1. Vos doigts sont-ils inhabituellement sensibles au froid?
  2. Vos doigts changent-ils de couleur lorsqu’ils sont exposés à des températures froides?
  3. Deviennent-ils blancs, ou bleus ou les deux?

 

En général, le Phénomène de Raynaud (et en particulier le Phénomène de Raynaud Primaire) est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes (3/1). 

La durée moyenne des crises, ou attaques, est de 15-20 minutes, mais peuvent parfois durer plus d’une heure !

Leur fréquence est en moyenne de 2 attaques/jour

Sans surprise, les variations saisonnières influencent ce nombre avec un doublement de la fréquence quotidienne des attaques de phénomène de Raynaud  en hiver par rapport à l’été (2,9 contre 1,5 attaque/jour).

MAIS, seulement 16,7% des personnes atteintes de Raynaud ne déclarent aucune attaque en été, et l’augmentation des climatiseurs n’y est pas pour rien…

Les difficultés induites par le phénomène de Raynaud  sont présentes et invalidantes toute l’année, ce qui souligne l’importance d’une  stratégie de traitement tout au long de l’année.

II) Quelle différence y a-t-il entre phénomène de Raynaud primaire et secondaire ?

La distinction entre Phénomène de Raynaud  Primaire et Secondaire est primordiale, car le pronostic et la gestion peuvent différer considérablement.

Dans les deux cas, le Phénomène de Raynaud  a un impact négatif significatif sur la qualité de vie des individus.

Mais, si le Raynaud primaire est généralement une condition bénigne sans séquelles,  dans les formes secondaires le syndrome de Raynaud peut entraîner une ulcération digitale, une ischémie et une nécrose irréversibles,  une gangrène et une infection secondaire.

La douleur est souvent plus présente et on peut facilement se retrouver avec des doigts en moins…

 

La majorité (80 à 90%) des individus ont un Phénomène de Raynaud Primaire («idiopathique»), encore appelé maladie de Raynaud.

Ce terme est généralement appliqué lorsqu’aucune pathologie sous-jacente ne peut être démontrée.

Les Raynaud Primaires sont souvent sans séquelles et peuvent même effectuer des rémissions chez 64% des personnes selon une étude de 2005.

 

Mais le phénomène de Raynaud peut survenir  à la suite d’un large éventail de pathologies (vasculaires, auto-immunes rhumatologiques, hématologiques ou endocriniennes) ou de causes médicamenteuses.

On parle alors de Phénomène de Raynaud Secondaire (secondaire à une autre maladie) ou syndrome de Raynaud.

Ainsi, le syndrome de Raynaud peut être secondaire à :

  1. Un problème vasculaire: athérosclérose, compression d’une artère, maladie de Buerger…
  2. Des causes professionnelles : syndrome de vibration main-bras (tronçonneuse ou marteau-piqueur)…
  3. Une maladie auto-immune: sclérodermie systémique, lupus, Syndrome de Sjögren…
  4. Des causes médicamenteuses (vasoconstricteurs): amphétamines, bêta bloquants, bléomycine, etc.
  5. Une viscosité plasmatique accrue: Cryoglobulinémie, certains cancers…
  6. Diverses affections: Syndrome du canal carpien, engelures, Hypothyroïdie…

Le phénomène de Raynaud est présent chez 95% des personnes atteintes de sclérose systémique, aussi cette maladie auto-immune  est souvent citée en référence et utilisée comme centre de recherche sur le phénomène de Raynaud.

Les vibrations peuvent entrainer un syndrome de Raynaud...

Mais le diagnostic d’un phénomène de Raynaud Secondaire n’est pas forcément évident

Environ 13% des patients diagnostiqués initialement comme ayant une maladie de Raynaud primaire développent un trouble systémique dans les années suivantes.

La maladie de Raynaud est souvent le premier signe ou symptôme de plusieurs maladies telles que la sclérodermie, la maladie du tissu conjonctif mixte, la dermatomyosite ou le lupus. 

Par exemple dans la sclérodermie systémique, le phénomène de Raynaud peut précéder le diagnostic de sclérodermie systémique de plusieurs années ! Il n’est pas rare de n’avoir aucun autre symptôme pendant plus de 5 ans ! Du coup le syndrome de Raynaud alerte pour faire un diagnostic précoce de la sclérodermie, et donc une meilleure prise en charge !

Vous avez donc 3 principaux signes d’alerte à surveiller, regroupés sous le terme SO RARE pour les anglais ou RARETÉ pour nous français !

  • SOre or swollen fingers 
  • RAynaud’s Phenomenon
  • REflux and heartburn 

Ou

  • Syndrome de RAynaud
  • REflux et brûlures d’estomac
  • extremiTEs douloureuses et gonflées

 

Vous devriez également consulter votre médecin si vous :

  • avez également des douleurs articulaires, des éruptions cutanées ou une faiblesse musculaire
  • n’avez des symptômes que d’un côté de votre corps
  • avez plus de 30 ans et présentez des symptômes de Raynaud pour la première fois

Un examen clinique est nécessaire chez toutes les personnes présentant un phénomène de Raynaud, mais encore plus particulièrement si vous présentez ces signes d’alerte !

Voyez votre médecin habituel ou un rhumatologue pour une investigation clinique complète, en particulier :

  • une analyse de sang: à la recherche de marqueurs inflammatoires et d’anticorps spécifiques à la sclérodermie
  • et une capillaroscopie du pli de l’ongle, à la recherche d’anomalies des capillaires.

La capillaroscopie au pli des ongles est une technique d’examen peu coûteuse, rapide et non invasive qui peut aider à différencier les Raynaud primaires des secondaires.

D’après une étude de 2008 sur près de 600 patients,

  • Si vous avez des auto-anticorps spécifiques, vous avez 35,4% de chances de développer une sclérodermie,
  • Si vous avez des capillaires de pli des ongles anormaux, vous avez 25,8% de chances de développer une sclérodermie,
  • Mais si vous avez les deux, capillaires anormaux ET anticorps spécifiques, vous avez 79,5% de chances de développer une sclérodermie !

Ces examens sont donc déterminants dans le diagnostic  avec 2 objectifs :

  • savoir si vous avez un Raynaud Primaire (sans risque de complications) ou un Raynaud Secondaire (avec risques de complications)
  • connaître la gravité de votre Raynaud, ce qui orientera sa prise en charge et son traitement.

Mais avant de pouvoir traiter un syndrome de Raynaud, il faut déjà comprendre son fonctionnement…

III) Les causes et mécanismes de la maladie de Raynaud.

A) Facteurs déclenchants et aggravants

Le froid semble être l’événement déclenchant le plus important : il est déclencheur  chez 91 % des sujets dans l’ensemble (95 % dans le Raynaud secondaire.)

Le stress émotionnel est déclencheur chez 30 % des sujets. 

D’ailleurs il y a aussi une augmentation des marqueurs physiologiques du stress (tels que la tension musculaire et la tachycardie) lors des crises de Raynaud.

Une étude de 1985 rapporte un fait intéressant : les facteurs de stress émotionnels pertinents sur le plan thématique semblent importants. 

Par exemple, les sujets de l’étude ont été invités à imaginer la perte de gants et clés de voiture au cours d’une tempête de neige.

Résultat : rien que d’imaginer la menace d’une exposition au froid entraîne une diminution de la température des doigts chez les personnes atteintes de Raynaud, mais pas chez des personnes saines !

Ces observations pourraient avoir des implications importantes pour la gestion du phénomène de Raynaud !

Mais essayons de comprendre ce qu’il se passe, la physiopathologie.

B) Physiopathologie du phénomène de Raynaud

En fait, face à une exposition au froid ou un stress émotionnel le corps va réagir à peu près de la même façon.

Les capillaires, des tout petits vaisseaux au bout du réseau sanguin,  fournissent des nutriments à la peau, mais participent aussi à la thermorégulation.

Quand il fait froid, ces capillaires se resserrent pour que le sang aille moins dans les extrémités et reste plus dans le centre du corps. On parle de vasoconstriction.  C’est un réflexe de survie, pour protéger les organes vitaux et le cerveau.

Cette réaction est régulée par le système nerveux sympathique autonome.

Cette réaction normale est exacerbée dans le phénomène de Raynaud. Les artères digitales se resserrent plus fortement chez les personnes atteintes de Raynaud par rapport à celles sans Raynaud. 

Il y a un déséquilibre de la vasoconstriction et de la vasodilatation

  • aux altérations du contrôle neuronal du tonus vasculaire (par exemple les récepteurs alpha 2c-adrénergiques)
  • et des médiateurs circulants (l’endothéline-1 et l’angiotensine II).

Il existe de nombreux facteurs qui interagissent dans la pathogenèse de Raynaud, tels que des anomalies vasculaires, intravasculaires (une activation plaquettaire avec une augmentation du thromboxane),  neurales, génétiques (gène NOS1) et hormonales (rappelez-vous que la maladie de Raynaud touche majoritairement les femmes, d’où un potentiel rôle des œstrogènes), sans oublier le tabagisme, et ces facteurs peuvent différer entre ceux atteints de Raynaud primaire et secondaire. 

 

En raison du manque de compréhension complète de la physiopathologie sous-jacente, une thérapie ciblée n’a pas été possible; la thérapie s’est plutôt concentrée sur l’utilisation de stratégies vasodilatatrices générales et l’évitement des facteurs déclenchants.

IV) Traitements et prise en charge du syndrome de Raynaud.

Bien évidemment pour un Phénomène de Raynaud Secondaire, il faudra traiter la maladie primaire, en cause du syndrome de Raynaud (par exemple, correction d’un défilé thoracique…).

Bien qu’il n’y ait pas de remède pour Raynaud, il peut être traité et pris en charge. 

Le but premier est bien sûr d’éviter une crise, une attaque.

Les médicaments vasodilatateurs provoquent des effets indésirables, aussi, pour toutes les personnes atteintes de Phénomène de Raynaud, des mesures générales sur les habitudes de vie et des traitements non médicamenteux seront envisagés en premier lieu.

Même si ces méthodes d’autogestion peuvent être contraignantes, une étude de 2018 confirme que ces traitements non médicamenteux possèdent de solides arguments quant à leur efficacité !

Si malgré tout il n’y a pas de changement, on envisage alors des traitements médicamenteux de première intention.

Si le Phénomène de Raynaud est compliqué et ne répond pas au traitement, on envisage alors d’autres médicaments.

En dernier recours des mesures chirurgicales peuvent être prises.

Mais avant de voir tous ces traitements, voyons déjà comment réagir face à une attaque de Raynaud.

A) Réagir devant une crise de Raynaud

Se mettre au chaud est la première chose à faire, afin de calmer le spasme des vaisseaux sanguins.

Pour réchauffer les mains ou les pieds, on peut, selon le cas :
– les placer sous les aisselles,
– les mettre sous un jet d’eau tiède ou les faire tremper dans de l’eau tiède.

Mais attention ! De l’eau tiède et pas trop chaude ! Avec vos mains engourdies, votre sensibilité diminue et vous pourriez vous brûler sans faire attention. De plus un changement de température trop rapide peut provoquer des douleurs.

Pour rétablir la circulation :
– bouger les doigts ou les orteils,
– masser les parties atteintes, éventuellement avec des gels vasodilatateurs
– bouger les bras en faisant de grands cercles. Selon la technique développée par le docteur McIntyre dès 1978 qui force le sang vers les doigts par la force gravitationnelle et centrifuge. 

Et  un peu moins efficace, mais plus discrète vous pouvez aussi faire la « danse des pingouins » en haussant et rabaissant les épaules rapidement.

Lorsque le stress est à l’origine de la crise, se rendre dans un endroit calme et, tout en réchauffant les parties atteintes, utiliser une technique de relaxation. Ou bien, se sortir de la situation stressante, avec l’aide d’un tiers si nécessaire, afin de se relaxer.

 

Néanmoins, la majorité des patients atteints de Raynaud secondaire rapportent des difficultés à prévenir ou à contrôler la survenue d’attaques de Raynaud.  Cela pourrait indiquer que les approches thérapeutiques préventives pourraient être préférables aux stratégies de traitement conçues pour améliorer une attaque lorsqu’elle se produit.

B) Prévenir le phénomène de Raynaud

a. Mesures générales pour faire face à Raynaud

L’éducation des patients est la principale thérapie recommandée.

La clé pour gérer les symptômes de Raynaud c’est  la prévention : la planification à l’avance est vitale !

Essayez d’éviter les facteurs déclenchants comme :

  • l’exposition au froid et les changements rapides de température
  • les traumatismes répétés au bout des doigts et éviter les outils vibrants.
  • le stress émotionnel
  • les médicaments vasoconstricteurs (lorsque cela est possible) : décongestionnants nasaux en vente libre (contenant  phényléphrine, pseudoéphédrine), pilules amaigrissantes et herbes contenant de l’éphédra, etc.

 

La prévention passe par l’habillage, l’alimentation, l’arrêt du tabac et quelques conseils de vie simples.

1) L'habillage

Habillez-vous bien afin de maintenir la température de votre corps. Il est important de garder les mains et les pieds au chaud ainsi que de garder tout le corps au chaud.

  1. Choisissez des tissus qui évacuent la transpiration. L’humidité est parfois pire que le froid !
  2. Assurez-vous que les vêtements sont lâches. L’air « emprisonné » entre vous et le vêtement constitue une isolation supplémentaire.
  3. Habillez-vous en couches, portez plusieurs épaisseurs. Pour plus d’isolation et pour vous adapter aux changements de température.
  4. Imperméabilisez votre corps: choisissez une veste ou un coupe-vent respirant et imperméable. Les chaussures et bottes Gore-Tex sont les meilleurs choix pour garder vos pieds au chaud et au sec.
  5. Couvrez-vous la tête: chapeau, casquette… c’est par la tête que se fait la plus grosse déperdition de chaleur.
  6. Les gants: ils sont essentiels ! Plusieurs possibilités s’offrent à vous.
    • D’une façon générale, préférez des moufles, qui regroupent la chaleur autour des doigts au lieu de les séparer.
    • Des gants avec fibres de céramique, leur efficacité a été prouvée, études à l’appui.
    • Des gants avec fibre d’argent, meilleurs isolants et antibactérien naturels, principalement intéressant pour les sclérodermies.
    • Les gants chauffants avec batterie! Un Must Have indispensable en hiver et très utile pour des techniques d’entraînement comme nous le verrons tout à l’heure !
  7. Les chaussettes sont aussi un élément important !
  8. Essayez la poudre pour les pieds: les poudres absorbantes pour les pieds sont excellentes pour aider à garder les pieds au sec. Mais attention, pas en spray !

 

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2) Ne pas fumer :

Le tabac aggrave le syndrome de Raynaud de deux manières. Il favorise la formation de dépôts dans vos artères et, plus immédiatement, contient de la nicotine, qui provoque des vasospasmes qui rétrécissent les petits vaisseaux sanguins et limitent la quantité de sang disponible pour garder vos mains et vos pieds au chaud.

Les fumeurs atteints de Sclérodermie systémique sont également trois à quatre fois plus susceptibles de nécessiter une intervention chirurgicale ou pharmacologique pour une ischémie digitale que les non-fumeurs.

3) Alimentation et maladie de Raynaud :
  1. Mangez des aliments riches en fer: une carence en fer entraîne une anémie et une diminution de la température corporelle.
  2. Mangez un repas chaud et copieux : l’acte même de manger provoque une élévation de la température corporelle centrale. C’est ce qu’on appelle la thermogenèse. Manger chaud vous aidera pour cela.
  3. Buvez beaucoup. La déshydratation peut aggraver les frissons et geler vos mains et vos pieds en réduisant votre volume sanguin.
  4. Évitez le café: la caféine a une action vasoconstrictrice.
  5. Évitez l’alcool: l’alcool augmente le flux sanguin vers la peau, vous donnant une sensation immédiate de chaleur. Mais cette chaleur est rapidement perdue dans l’air, réduisant la température de votre corps. En d’autres termes, l’alcool vous refroidit…
4) Divers conseils de vie face à Raynaud.

Voici quelques façons de gérer les symptômes du phénomène de Raynaud et de vivre une vie aussi normale que possible.

 

  • Emportez toujours des gants et une écharpe dans votre sac, hiver comme été, au cas où ! (surtout depuis l’avènement des climatiseurs !) Pour éviter des changements brutaux de température.
  • Vous pouvez aussi emporter avec vous des petites chaufferettes de poche, très pratiques. Il en existe des électriques, rechargeables, ou des chimiques à usage unique.
  • Vous avez aussi le chauffe-volant! Très pratique en hiver !
  • Attention en attrapant des objets à surface froide comme les bouteilles en verre ou les cannettes de soda! Éventuellement, utilisez des manchons pour cannettes ! En plus cela conservera la boisson fraîche plus longtemps !
  • Gardez des gants de cuisine isolants proches du réfrigérateur et du congélateur pour attraper vos aliments froids.
  • Faites vos courses avec un sac à dos, vous pourrez mettre vos mains dans les poches s’il fait froid et de plus vous éviterez la restriction de sang dans les doigts que peuvent causer les poignées de sac lorsque vous les portez.

 

Des petites astuces comme ça il y en a des centaines, si vous en avez mettez-les en commentaire !

 

ACCESSOIRES QUI VOUS CHANGENT LA VIE :

b. Traitements non médicamenteux du syndrome de Raynaud

1) Développement d’un réflexe involontaire ou « intervention comportementale » :

Habituez-vous à surmonter le froid grâce au développement d’un réflexe involontaire.

Cette technique a été développée dans les années 80-90 par  Murray Hamlet, directeur du programme de l’armée américaine sur le froid.

Le but est de changer votre réflexe normal face au froid par un conditionnement de type pavlovien, en associant l’exposition de votre corps au froid avec des mains chaudes.

Tout simplement par des sessions d’exposition au froid en gardant les mains au chaud. Le professeur Hamlet faisait rentrer les participants dans des chambres froides tout en gardant les mains dans des bassines d’eau chaude à 43°C. Certains ont fait la même chose en extérieur en hiver, mais vous pouvez aussi utiliser un sac de glaçon ou un pack gel que vous mettez sur la nuque pour créer la réaction au froid (attention, avec un tissu, pas directement sur la peau pour éviter de vous brûler) alors que vous gardez les mains dans des gants chauffants avec batterie !

2) Des compléments alimentaires :

Certains compléments alimentaires ont aidé les personnes atteintes de Raynaud, notamment :

  • le gingko biloba, selon un essai il diminue le taux des crises de 56%, mais pas leur gravité,
  • Vitamine C
  • Vitamine E
  • l’huile d’onagre ou de lin (acide gamma linolénique (omega-6)),
  • et les huiles de poisson omega-3 ou l’huile de krill. 

Décidément ces huiles ont beaucoup de vertus, je vous en ai déjà parlé dans de précédentes vidéos !

L’aubépine, le gingembre, le piment de cayenne, le magnésium, le marronnier d’Inde, le dong quai et le frêne épineux sont également souvent utilisés pour le traitement des problèmes de circulation et certaines personnes rapportent des avantages dans le phénomène de Raynaud. 

Selon une étude de 2000, le stress oxydatif favorisant la progression de la maladie par une dégénérescence rapide de la fonction des cellules endothéliales, on peut proposer une supplémentation en antioxydants et différents types de médicaments aux propriétés antioxydantes, tels que les lazaroïdes, le resvératrol, la mélatonine et le probucol.

Attention cependant aux interactions pharmacologiques potentielles avec les médicaments prescrits.

LES MEILLEURS COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES CONTRE RAYNAUD :

GINGKO BILOBA : 

VITAMINE C : 

VITAMINE E : 

HUILE D’ONAGRE / LIN : 

OMEGA-3 : 

ANTIOXYDANTS : 

3) Techniques de relaxation et antistress.

Avec jusqu’à un tiers des épisodes de Raynaud liés au stress/à l’anxiété, et étant donné le rôle important du stress dans le déclenchement ou l’aggravation du phénomène de Raynaud, les techniques de relaxation apportent une aide précieuse face à la maladie.

Ces techniques de relaxation permettent non seulement un contrôle vasomoteur, mais aussi une diminution des battements cardiaques témoignant d’une action globale et non spécifique au vasospasme.

La première technique à montrer des résultats fut le training autogène de Schulz, avec des phrases dirigées vers le réchauffement des doigts, mais les études ont confirmé que globalement toutes les techniques de relaxation sont efficaces !

Relaxation musculaire de Jacobson, respiration abdomino-diaphragmatique, scan corporel, mais également les approches psychologiques comme les TCC pour changer le rapport des patients avec la réaction au froid.

Je pense d’ailleurs personnellement qu’une approche telle que la méthode Coué ou son évolution la méthode DROP pourraient également apporter une aide précieuse aux personnes atteintes du phénomène de Raynaud.

Plus d’infos sur ces méthodes dans mes précédentes vidéos ! 

Mais malheureusement, alors que ces approches psychologiques ont donné des résultats dans d’autres pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde,  il n’y a eu aucune recherche examinant les croyances liées à la maladie de Raynaud, la détresse psychologique, les déficits de connaissances ou d’autres facteurs non médicaux couramment associés aux résultats. 

4) Utiliser le biofeedback.

Le biofeedback de la température est une technique par laquelle les patients apprennent des méthodes d’autorégulation de la température cutanée.

À l’aide de capteurs sensibles aux variations de température placés au bout des doigts, les patients sont entraînés à augmenter leur température digitale, ce qui déclenche un signal sonore ou visuel s’ils y arrivent. On appelle cela la rétroaction biologique, ou « biofeedback ».

Avec un entraînement spécifique, souvent associé au training autogène, les participants ont reçu pour instruction d’augmenter la température de la peau en fonction de ce retour audio/visuel. 

À force de répétition, les patients apprennent à contrôler leur température digitale sans le soutien des capteurs de biofeedback. 

Malheureusement si cette technique apporte des résultats avec la maladie de Raynaud, face à la sclérodermie systémique elle n’a pas pu montrer son efficacité.

De plus, dans un grand essai multicentrique randomisé  de plus de 300 participants, le biofeedback était inférieur à un groupe témoin traité par la nifédipine, avec 56% d’attaques de Raynaud en moins dans le groupe nifédipine par rapport au groupe biofeedback.

Mais attention, une critique de cet essai était le fait que seulement 35% des sujets du groupe de biofeedback étaient capables d’apprendre avec succès les techniques de réchauffement des mains. Il y a une courbe d’apprentissage avec biofeedback, et les résultats peuvent dépendre de la formation. La thérapie comportementale peut aider certains, mais tous ne peuvent pas apprendre les techniques de contrôle de la température.

5) L'exercice physique

Il aide à augmenter l’apport sanguin aux tissus du corps. Vous pouvez faire de l’exercice global comme la marche ou des exercices plus spécifiques pour les mains.

Certaines personnes atteintes de Raynaud trouvent le tai-chi  et le qi gong utiles. Alliant exercice physique, respiration, relaxation il va sans dire que ces pratiques vont dans le bon sens face à Raynaud…

Pour une initiation au Qi Gong voir ci-dessous !

6) Massages hyper émiant

Les massages vont bien évidemment améliorer votre circulation sanguine. Vous pouvez y associer l’utilisation d’huiles essentielles par exemple avec cette synergie :

  • cyprès de Provence (30gouttes)
  • gingembre (30gouttes)
  • lemon-grass (30gouttes)
  • et basilic (30gouttes)
  • diluées dans une huile végétale de Calophylle Inophyle (120 gouttes)
7) Réduction de l’hyperactivité du tonus sympathique :

À l’aide d’un brassard de tensiomètre, vous réalisez un garrot contrôlé (attention de ne pas bloquer complètement la circulation) au niveau de votre bras. L’hyperémie réactionnelle est alors stimulée par un mouvement simple et lent de pompage de la main.

Cette technique, encore appelée Kaatsu ou « restriction du flux sanguin », est habituellement utilisée pou développer les muscles, mais permet ici de détendre vos capillaires, les petits vaisseaux au bout de vos doigts.

8) Électrothérapie par courant galvanique

Une étude de 2020 suggère qu’un traitement complémentaire par courant galvanique permet de meilleurs résultats, pour réduire les manifestations cliniques et le handicap dans le phénomène de Raynaud.

9) Acupuncture

Une étude de 1997 semble montrer que l’acupuncture peut être bénéfique chez certains patients face au phénomène de Raynaud.

On pense que le mécanisme d’action est la stimulation des nerfs sensoriels, provoquant la libération de vasodilatateurs tels que la substance P et le peptide lié au gène de la calcitonine.

10) Laser

La thérapie au laser a été étudiée comme traitement potentiel pour une variété de troubles vasculaires et rhumatologiques, y compris le syndrome de Raynaud. Un seul petit essai contrôlé randomisé en 2004 a montré une diminution de la fréquence et de l’intensité des crises.

Remarques :

  • Il y a un effet placebo significatif dans les essais cliniques publiés allant de 20% à 40%, un facteur important lors de l’interprétation des résultats d’essais non contrôlés.

De plus, la plupart des essais cliniques reposent sur l’auto-évaluation par le patient de la fréquence et de la gravité des épisodes de Raynaud, et la confirmation objective des avantages a été difficile à déterminer.

Donc, gardez à l’esprit que vous n’êtes pas une statistique, mais une personne individuelle, donc testez ces techniques et voyez si elles marchent pour vous !

 

  • L’adhésion aux interventions de cette nature est généralement faible, avec des estimations de 30 à 50 % des patients démontrant une mauvaise observance, indépendamment de l’état, du résultat attendu ou du cadre.

Aussi il n’est pas rare que les médecins et même les patients préfèrent les traitements médicamenteux malgré les potentiels effets secondaires.

c. Traitement médicamenteux de la maladie de Raynaud

Le traitement médicamenteux est indiqué lorsque les interventions non pharmacologiques sont insuffisantes pour gérer le Phénomène de Raynaud.

Il existe une large gamme de thérapies médicamenteuses disponibles pour traiter le phénomène de Raynaud.

Actuellement, les inhibiteurs calciques (par exemple nifédipine) sont le traitement le plus courant et le plus pratique. Ces vasodilatateurs ont un effet direct sur le muscle lisse vasculaire et inhibent l’agrégation plaquettaire.

Ils permettraient une diminution de la fréquence des crises d’environ 1,7 attaque par personne et par semaine.

Les médicaments utilisés face au syndrome de Raynaud comprennent :

  1. Vasodilatateurs
    1. Les nitrates
    2. Bloqueurs de canaux calciques
    3. Prostaglandines
    4. Inhibiteurs de la phosphodiestérase
  2. Inhibition de la vasoconstriction
    1. Antagonistes des récepteurs de l’endothéline
    2. Bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (par exemple le losartan),
    3. Bloqueurs alpha adrénergiques
  3. Amélioration de la fonction endothéliale
    1. Inhibiteurs de la rho-kinase
    2. Statines
  4. Vasorégulation neurale
    1. Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (par exemple la fluoxétine). 

 

La plupart de ces médicaments sont efficaces chez moins de 50% des patients traités et n’abolissent pas complètement les crises vasospastiques, mais réduisent la gravité et la fréquence des crises.

d. Intervention chirurgicale

La chirurgie est réservée à un Phénomène de Raynaud sévère (réfractaire) et/ou à l’ischémie digitale persistante (c.-à-d. Ulcères et gangrène). 

Il s’agit principalement de sympathectomie digitale (périartérielle) (on coupe les nerfs), mais les injections botuliques suscitent un intérêt croissant.

V) UN DERNIER CONSEIL POUR LA ROUTE :

Nous avons fait le tour des solutions pour faire face au phénomène de Raynaud, mais attention, ne prenez pas de médicament à la légère ! Consultez toujours un médecin !

Et trouvez un médecin qui vous écoute.

Car la maladie de Raynaud est réelle. L’impact sur la qualité de vie est conséquent et sa prise en charge ne devrait pas se limiter à un « restez au chaud » !

Le phénomène de Raynaud est une affection vasospastique courante qui entraîne un fardeau important de douleur et d’incapacité liée à la main.

 

Et rappelez-vous :

Les personnes atteintes de Raynaud secondaire sont à risque d’ulcères

Gardez donc un œil sur les signes d’infection sur la peau éraflée – écoulement jaune, rougeur, gonflement, douleur et incapacité à cicatriser.

Si vous voyez l’un de ces signes, contactez immédiatement votre médecin généraliste ou un  rhumatologue.

 

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PS : Vous pouvez retrouver la vidéo correspondante à cet article juste en dessous : 

SOURCES :

« Raynaud’s phenomenon » Ashraful Haque, Michael Hughes (nov 2020)

« Patient organisation-led initiatives can play an important role in raising awareness about Raynaud’s phenomenon and encourage earlier healthcare utilisation for high-risk groups » Michael Hughes, Amy Baker, Sue Farrington, John D Pauling. (2019)

« Raynaud’s phenomenon » Ariane L Herrick, Fredrick M Wigley (feb 2020)

« Association of Raynaud’s phenomenon with a polymorphism in the NOS1 gene » Sabrina Munir,et al. (2018)

« Raynaud’s phenomenon and its impact on activities in daily life during one year of follow-up in early systemic sclerosis »  G Sandqvist, P Wollmer, et al . (2018)

« A Review of Raynaud’s Disease », Katherine K. Temprano (2016)

« Recent achievements in the management of Raynaud’s phenomenon » Magnus Baumhäkel , Michael Böhm (2010)

« Current medical and surgical management of Raynaud’s syndrome » Gregory J Landry (2013)

« Autoantibodies and microvascular damage are independent predictive factors for the progression of Raynaud’s phenomenon to systemic sclerosis: a twenty-year prospective study of 586 patients, with validation of proposed criteria for early systemic sclerosis »  Martial Koenig et al. (2008)

« Effects of general and thematically relevant stressors in Raynaud’s disease » R R Freedman, P Ianni (1985)

« Behaviour change interventions for the management of Raynaud’s phenomenon: a systematic literature review » Jo Daniels, John D Pauling, and Christopher Eccleston (2018)

« Current medical and surgical management of Raynaud’s syndrome » Gregory J Landry (2013)

« Emerging potentials for an antioxidant therapy as a new approach to the treatment of systemic sclerosis »  Simonini Gabriele, Pignone Alberto et al. (2000)

« The use of Ginkgo biloba in Raynaud’s disease: a double-blind placebo-controlled trial » Andrew H Muir, Rosalind Robb et al. (2002)

« The incidence and natural history of Raynaud’s phenomenon in the community » Lisa G Suter, Joanne M Murabito, David T Felson, Liana Fraenkel (2005)

« A Maneuver To Reverse Raynaud’s Phenomenon of the Fingers » Donald R. McIntyre, (1978)

« Effect of ceramic-impregnated « thermoflow » gloves on patients with Raynaud’s syndrome: Randomized, placebo-controlled study » Gordon Ko (2002)

« Raynaud’s Disease: A Simple Approach to Management » Murray P. Hamlet (1990)

« Behaviour change interventions for the management of Raynaud’s phenomenon: a systematic literature review » Jo Daniels, John D Pauling, and Christopher Eccleston (2018)

« Comparaison de la nifédipine à libération prolongée et du biofeedback de température pour le traitement du phénomène de Raynaud primaire: résultats d’un essai clinique randomisé avec un suivi d’un an. » Arch Intern Med. 2000; 160 : 1101-1108

« Behavioral treatment of Raynaud’s disease » R S Surwit, R N Pilon, C H Fenton (1978)

« Biofeedback, autogenic training, and progressive relaxation in the treatment of Raynaud’s disease: a comparative study »  F J Keefe, R S Surwit, R N Pilon (1980)

« The complementary effects of galvanic current electrical stimulation associated with conservative treatment to increase vasodilation in patients with Raynaud’s phenomenon: a randomized trial » Rosa María Tapia-Haro, Mª Carmen García-Ríos et al. (may 2020)

« Treatment of primary Raynaud’s syndrome with traditional Chinese acupuncture » R Appiah, S Hiller, L Caspary, K Alexander, A Creutzig (1997)

« Low level laser therapy in primary Raynaud’s phenomenon–results of a placebo controlled, double blind intervention study »  Mirko Hirschl, Reinhold Katzenschlager (2004)

 

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