Faiblesse des muscles, fatigue, douleurs et raideur dans les articulations, dans les tendons…Â
Avez-vous déjà entendu parler des maladies inflammatoires chroniques ?
La plus connue et la plus répandue est la polyarthrite rhumatoïde. Un cas particulier d’arthrite.
Peut-être souffrez-vous d’une maladie auto-immune de ce type ?
Une maladie inflammatoire se définit par une inflammation chronique, persistante, d’un ou de plusieurs organes. Certaines ne vont toucher qu’un seul organe, comme dans la maladie de Crohn, d’autres seront systémiques comme la polyarthrite rhumatoïde qui va toucher la membrane synoviale présente dans vos articulations.
Le diagnostic de la maladie inflammatoire repose sur un examen de l’organe qui est atteint sur le plan fonctionnel et des examens complémentaires notamment un bilan sanguin pour rechercher la présence de molécules spécifiques.
Parmi les nombreuses molécules qui peuvent causer de l’inflammation aiguë et chronique, une molécule pro-inflammatoire en particulier, l’interféron gamma (IFN-γ), serait l’un des principaux responsables de pertes de masse musculaire significatives et de dysfonctionnement des muscles squelettiques.
Beaucoup de maladies inflammatoires sont secondaires à un dysfonctionnement du système immunitaire, amenant celui-ci à s’attaquer aux constituants de l’organisme (on parle d’AUTO-immunité ou de maladie auto-immune).
C’est-à -dire que les mécanismes chargés de réguler notre système de défense s’emballent et notre système immunitaire devient hyperactif et se met à travailler en permanence, même en l’absence d’agression.
Il y a aussi des facteurs génétiques favorisants qui expliquent 20 à 40 % des mécanismes de survenue des maladies inflammatoires.
D’autres facteurs favorisent l’apparition de ces maladies, comme le tabac et la pollution qui vont stimuler en permanence les cellules de l’immunitĂ© et favoriser l’apparition d’une maladie auto-immune.Â
Comment soigner une inflammation chronique ?
Le traitement de la maladie inflammatoire va ĂŞtre en fonction de sa cause.
Dans les maladies auto-immunes, ce qui est important c’est de traiter l’hyperactivité du système immunitaire et de le ralentir. Il y a les traitements chimiques qui empêchent la prolifération des cellules, mais également des biothérapies qui sont des traitements immuno-ciblés.
C’est-à -dire qu’elles peuvent cibler des acteurs du système immunitaire, comme par exemple les lymphocytes B souvent hyper actifs dans les maladies auto-immunes. On va donc utiliser un marqueur de lymphocytes B qui va aller s’accrocher sur eux et qui va les inactiver.
Mais concernant l’interféron gamma, certains médicaments utilisés pour traiter la polyarthrite rhumatoïde permettent de contrer son action : le tofacitinib et le baricitinib.
En janvier 2021, des chercheurs viennent de prouver que vous possédez déjà quelque chose capable d’avoir les mêmes effets que ces molécules et de lutter contre l’inflammation chronique : vos muscles !
Examinons ensemble leur surprenante découverte et ses répercussions pratiques pour soulager vos douleurs inflammatoires !
Sommaire :
1) La réaction inflammatoire et son effet sur le muscle
Notez bien que l’inflammation n’est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise. Lorsque le corps est blessé, une réaction initiale d’inflammation de bas niveau élimine les débris et aide à reconstruire les tissus. Mais parfois, le système immunitaire réagit de façon excessive et crée une réaction inflammatoire qui cause des dommages.
Normalement, le système immunitaire se dirige contre les dĂ©bris du corps ou un virus, mais il arrive parfois que la rĂ©ponse immunitaire dĂ©passe complètement le virus, entraĂ®nant ce que l’on appelle un orage immunitaire. Et puis, il y a des maladies qui mènent Ă une inflammation chronique, comme la polyarthrite rhumatoĂŻde, la dermatomyosite, etc… Â
Nous savons que les maladies inflammatoires chroniques entraînent souvent une atrophie musculaire, une perte de masse musculaire et de la capacité du muscle à se contracter.
On observe souvent le même phénomène avec le vieillissement, on parle alors de sarcopénie.
La sarcopénie est un syndrome lié à l’âge caractérisé par une perte progressive et généralisée de la fonction musculaire squelettique et est habituellement associée à une expression élevée des cytokines, y compris l’IFN-γ.
Mais des chercheurs de l’Université Duke ont voulu voir si la même chose arriverait à des muscles humains artificiels cultivés dans une boîte de Pétri.
Leurs découvertes allèrent bien au-delà de leurs espérances !
Dans la présente étude, les chercheurs ont pris ces muscles entièrement fonctionnels et cultivés en laboratoire et les ont inondés de niveaux relativement élevés d’interféron gamma pendant sept jours pour imiter les effets d’une inflammation chronique de longue durée.
Comme prévu, le muscle est devenu plus petit et a perdu beaucoup de sa force.
Les chercheurs ont ensuite appliqué à nouveau l’interféron gamma, mais cette fois-ci, ils ont également mis le muscle dans un régime d’exercice simulé en le stimulant avec une paire d’électrodes.
D’après vous que s’est-il passé ?
2) Les effets de l’exercice musculaire sur l’inflammation chronique
Alors que des recherches antérieures chez les humains et les animaux ont montré que l’exercice peut aider à atténuer les effets de l’inflammation en général, il était jusque là difficile de distinguer quel rôle les cellules musculaires elles-mêmes pourraient jouer, sans parler de la façon dont elles interagissent avec des molécules spécifiques, comme l’interféron gamma.
Les mécanismes sous-jacents demeuraient flous.
Beaucoup de processus se déroulent dans tout le corps humain pendant l’exercice, et il est difficile de distinguer les systèmes et les cellules qui font quoi à l’intérieur d’une personne active.
Mais cela a été rendu possible grâce à l’utilisation de muscles humains fabriqués en laboratoire à l’université Duke, grâce à leur technologie particulière modulaire.
Ils ont été les premiers à développer le muscle squelettique humain fonctionnel dans une boîte de Pétri, et depuis lors, le laboratoire a amélioré ses processus en ajoutant, par exemple, des cellules immunitaires et des réservoirs de cellules souches à la recette.
Les chercheurs ont non seulement confirmé que l’interféron gamma fonctionne principalement par une voie de signalisation spécifique, mais ils ont aussi montré que l’exercice des cellules musculaires peut contrer directement cette signalisation pro-inflammatoire indépendamment de la présence d’autres types de cellules ou de tissus.
Les cellules musculaires ont agi toutes seules pour bloquer les pouvoirs destructeurs de l’interféron gamma!
Lors de l’expérience, les chercheurs ont appliqué à nouveau l’interféron gamma sur un muscle pendant 7 jours, mais ils ont également mis le muscle dans un régime d’exercice simulé grâce à un électro stimulateur.
Dans l’expérience la stimulation correspondait à des séquences d’1 h à une fréquence de 10Hz, trois fois par jour, avec des pauses de 7 h
Alors qu’ils s’attendaient à ce que la procédure induise une certaine croissance musculaire, comme le montrent leurs études précédentes, ils ont été surpris de découvrir qu’elle empêchait presque complètement les effets de l’inflammation chronique.
Lors de l’exercice, les cellules musculaires elles-mêmes s’opposaient directement au signal pro-inflammatoire induit par l’interféron gamma.
En fait l’interféron gamma active l’inflammation en utilisant une voie moléculaire spécifique : la voie de signalisation JAK (Janus kinase) /STAT1 (transducteur de signal et activateur de transcription 1).
L’électrostimulation qui simulait l’exercice musculaire a non seulement permis l’hypertrophie du muscle, le muscle a grossit, mais elle a aussi permis d’éviter la perte de masse et de force musculaire induite par l’interféron gamma (l’IFN-γ) en inhibant en partie cette voie de signalisation.
Les chercheurs ont ensuite montré que les deux médicaments utilisés pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, le tofacitinib (Tofa, bloqueur de JAK1/2/3) et le baricitinib (Bari, bloqueur de JAK1/2), qui bloquent la même voie, avaient le même effet anti-inflammatoire.
Ils ont constaté que le traitement de 8 jours avec l’un ou l’autre des inhibiteurs (à une dose cliniquement pertinente de 500 nM) n’avait aucun effet indésirable sur la morphologie et la fonction des fibres musculaires.
Les inhibiteurs de JAK/STAT ont complètement empêché la myopathie induite par l’IFN-γ, confirmant les rôles critiques de l’activation de STAT1 dans l’action pro-inflammatoire de l’IFN-γ.
Les ingénieurs biomédicaux ont démontré que le muscle humain a une capacité innée à conjurer les effets néfastes de l’inflammation chronique lorsqu’il est exercé.
Leurs  résultats révèlent un mécanisme jusque-là inconnu des effets anti-inflammatoires autonomes des cellules musculaires et de l’exercice.
Que faire de cette découverte ?
3) En pratique : utiliser ses muscles contre l’inflammation
Cette étude nous démontre le rôle majeur de nos muscles sur la santé.
Le muscle squelettique est un organe sĂ©crĂ©toire important dans le corps qui rĂ©pond Ă la fois aux signaux endocriniens systĂ©miques et peut fonctionner comme un rĂ©gulateur actif de la rĂ©ponse immunitaire et inflammatoire.Â
Il faut donc tout faire pour conserver ou augmenter sa masse musculaire aussi bien face au vieillissement que face aux maladies inflammatoires, arthrites et autres : polyarthrite rhumatoïde, dermatomyosite, mais aussi BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive) !
Cette découverte confirme s’il en était besoin le rôle primordial de l’exercice physique pour soigner les maladies inflammatoires.
Donc continuez de bouger malgré la maladie, plutôt lors des phases non-inflammatoires pour éviter trop de douleurs.
Vous pouvez également utiliser l’électrostimulation pour activer et renforcer vos muscles tout en limitant l’impact sur vos articulations !
L’électrostimulation musculaire a des effets anti-inflammatoires !
Attention ! On ne parle pas de l’électrostimulation TENS, qui aura un effet sur votre douleur en « trichant » avec le cerveau par un mécanisme de « gate-control »… on parle bien de programmes d’électrostimulation pour la musculation et pour renforcer les muscles !
Bien sûr comme la recherche vient à peine d’en parler, il n’y a pas de programme spécifique défini à l’heure actuelle dans le commerce.
Néanmoins n’importe quel électro stimulateur avec des programmes de musculation et de renforcement musculaire devrait pouvoir vous être utile dans cet objectif anti-inflammatoire. À vous de tester le programme qui vous convient le mieux !
Voici une petite sélection d’électro-stimulateurs :
Pour les bourses plus modestes :
Chez les humains, la stimulation électrique et l’exercice physique peuvent augmenter la masse musculaire et la force et procurer des bienfaits thérapeutiques dans le contexte de l’inflammation chronique et du vieillissement.
L’exercice physique peut altĂ©rer la sĂ©crĂ©tion de cytokines du muscle squelettique et d’autres tissus, ce qui peut Ă son tour : Â
- favoriser la réparation musculaire après une blessure,
- inhiber l’atrophie musculaire,
- et potentiellement agir comme traitement anti-inflammatoire dans les maladies inflammatoires chroniques.
Les effets anti-inflammatoires de l’exercice musculaire étaient généralement attribués à l’action paracrine des fibres musculaires agissant sur les cellules non musculaires, y compris les adipocytes, les macrophages, les lymphocytes T et les cellules NK.
C’est-à -dire que l’on pensait que les muscles activaient les cellules voisines pour lutter contre l’inflammation.
Mais nous savons aujourd’hui que les cellules musculaires elles-mêmes ont une action anti-inflammatoire !
Ainsi vous pouvez utiliser la contraction musculaire (volontaire lors de l’exercice physique ou stimulĂ©e par l’Ă©lectrostimulation) pour soulager vos maladies inflammatoires (polyarthrite rhumatoĂŻde, spondylarthrite ankylosante, lupus, etc…) mais aussi vos inflammations locales (bursite, etc…).Â
Il existe bien sûr d’autres traitements naturels de l’inflammation, par exemple pour une crise inflammatoire je vous renvoie à ce précédent article !
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