PAS LE TEMPS DE TOUT LIRE ?
Les maladies inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoĂŻde, sont des troubles complexes, marquĂ©s par une inflammation durable qui s’attaque soit Ă un organe prĂ©cis (comme dans la maladie de Crohn), soit de façon plus globale, comme dans la polyarthrite rhumatoĂŻde qui touche les articulations. Ces maladies naissent souvent dâun systĂšme immunitaire qui perd les pĂ©dales, devenant hyperactif et agressant lâorganisme quâil est censĂ© protĂ©ger. La gĂ©nĂ©tique joue un rĂŽle, mais des facteurs extĂ©rieurs comme le tabac et la pollution en rajoutent une couche.
Au cĆur du problĂšme, une molĂ©cule bien particuliĂšre, lâinterfĂ©ron gamma (IFN-Îł), se rĂ©vĂšle un vĂ©ritable casse-tĂȘte : elle est responsable de la perte de force et de masse musculaire. Jusquâici, on sâen remettait Ă des mĂ©dicaments comme le tofacitinib ou le baricitinib pour contrer son action. Mais voilĂ que des chercheurs ont mis le doigt sur une arme bien plus naturelle⊠Vos muscles !
Oui, vos muscles ne sont pas juste lĂ pour vous faire bouger. Ils sont des acteurs clĂ©s, capables de rĂ©guler lâinflammation en jouant le rĂŽle dâun vĂ©ritable organe sĂ©crĂ©toire. Lâexercice physique devient alors une sorte de traitement, permettant de conserver la masse musculaire tout en calmant lâinflammation. Mieux encore, lâĂ©lectrostimulation musculaire, en simulant le travail des muscles, offre une alternative pratique : elle prĂ©serve les muscles, rĂ©duit lâinflammation et nâagresse pas les articulations.
Ce quâil faut retenir :
- Bougez ! MĂȘme avec une maladie inflammatoire, lâactivitĂ© physique est indispensable pour lutter contre lâinflammation, Ă pratiquer en dehors des crises pour limiter la douleur.
- Pensez Ă©lectrostimulation. Efficace pour renforcer les muscles sans solliciter excessivement les articulations, elle offre des effets anti-inflammatoires comparables Ă ceux des traitements conventionnels.
Notre sĂ©lection :Â
Pour les bourses plus modestes :
Faiblesse des muscles, fatigue, douleurs et raideur dans les articulations, dans les tendonsâŠÂ
Avez-vous déjà entendu parler des maladies inflammatoires chroniques ?
La plus connue et la plus rĂ©pandue est la polyarthrite rhumatoĂŻde. Un cas particulier dâarthrite.
Peut-ĂȘtre souffrez-vous dâune maladie auto-immune de ce type ?
Une maladie inflammatoire se dĂ©finit par une inflammation chronique, persistante, dâun ou de plusieurs organes. Certaines ne vont toucher quâun seul organe, comme dans la maladie de Crohn, dâautres seront systĂ©miques comme la polyarthrite rhumatoĂŻde qui va toucher la membrane synoviale prĂ©sente dans vos articulations.
Le diagnostic de la maladie inflammatoire repose sur un examen de lâorgane qui est atteint sur le plan fonctionnel et des examens complĂ©mentaires notamment un bilan sanguin pour rechercher la prĂ©sence de molĂ©cules spĂ©cifiques.
Parmi les nombreuses molĂ©cules qui peuvent causer de lâinflammation aiguĂ« et chronique, une molĂ©cule pro-inflammatoire en particulier, lâinterfĂ©ron gamma (IFN-Îł), serait lâun des principaux responsables de pertes de masse musculaire significatives et de dysfonctionnement des muscles squelettiques.
Beaucoup de maladies inflammatoires sont secondaires Ă un dysfonctionnement du systĂšme immunitaire, amenant celui-ci Ă sâattaquer aux constituants de lâorganisme (on parle dâAUTO-immunitĂ© ou de maladie auto-immune).
Câest-Ă -dire que les mĂ©canismes chargĂ©s de rĂ©guler notre systĂšme de dĂ©fense sâemballent et notre systĂšme immunitaire devient hyperactif et se met Ă travailler en permanence, mĂȘme en lâabsence dâagression.
Il y a aussi des facteurs génétiques favorisants qui expliquent 20 à 40 % des mécanismes de survenue des maladies inflammatoires.
Dâautres facteurs favorisent lâapparition de ces maladies, comme le tabac et la pollution qui vont stimuler en permanence les cellules de lâimmunitĂ© et favoriser lâapparition dâune maladie auto-immune.Â
Comment soigner une inflammation chronique ?
Le traitement de la maladie inflammatoire va ĂȘtre en fonction de sa cause.
Dans les maladies auto-immunes, ce qui est important câest de traiter lâhyperactivitĂ© du systĂšme immunitaire et de le ralentir. Il y a les traitements chimiques qui empĂȘchent la prolifĂ©ration des cellules, mais Ă©galement des biothĂ©rapies qui sont des traitements immuno-ciblĂ©s.
Câest-Ă -dire quâelles peuvent cibler des acteurs du systĂšme immunitaire, comme par exemple les lymphocytes B souvent hyper actifs dans les maladies auto-immunes. On va donc utiliser un marqueur de lymphocytes B qui va aller sâaccrocher sur eux et qui va les inactiver.
Mais concernant lâinterfĂ©ron gamma, certains mĂ©dicaments utilisĂ©s pour traiter la polyarthrite rhumatoĂŻde permettent de contrer son action : le tofacitinib et le baricitinib.
En janvier 2021, des chercheurs viennent de prouver que vous possĂ©dez dĂ©jĂ quelque chose capable dâavoir les mĂȘmes effets que ces molĂ©cules et de lutter contre lâinflammation chronique : vos muscles !
Examinons ensemble leur surprenante découverte et ses répercussions pratiques pour soulager vos douleurs inflammatoires !
Sommaire :
1) La réaction inflammatoire et son effet sur le muscle
Notez bien que lâinflammation nâest pas intrinsĂšquement bonne ou mauvaise. Lorsque le corps est blessĂ©, une rĂ©action initiale dâinflammation de bas niveau Ă©limine les dĂ©bris et aide Ă reconstruire les tissus. Mais parfois, le systĂšme immunitaire rĂ©agit de façon excessive et crĂ©e une rĂ©action inflammatoire qui cause des dommages.
Normalement, le systĂšme immunitaire se dirige contre les dĂ©bris du corps ou un virus, mais il arrive parfois que la rĂ©ponse immunitaire dĂ©passe complĂštement le virus, entraĂźnant ce que lâon appelle un orage immunitaire. Et puis, il y a des maladies qui mĂšnent Ă une inflammation chronique, comme la polyarthrite rhumatoĂŻde, la dermatomyosite, etc⊠Â
Nous savons que les maladies inflammatoires chroniques entraßnent souvent une atrophie musculaire, une perte de masse musculaire et de la capacité du muscle à se contracter.
On observe souvent le mĂȘme phĂ©nomĂšne avec le vieillissement, on parle alors de sarcopĂ©nie.
La sarcopĂ©nie est un syndrome liĂ© Ă lâĂąge caractĂ©risĂ© par une perte progressive et gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la fonction musculaire squelettique et est habituellement associĂ©e Ă une expression Ă©levĂ©e des cytokines, y compris lâIFN-Îł.
Mais des chercheurs de lâUniversitĂ© Duke ont voulu voir si la mĂȘme chose arriverait Ă des muscles humains artificiels cultivĂ©s dans une boĂźte de PĂ©tri.
Leurs découvertes allÚrent bien au-delà de leurs espérances !
Dans la prĂ©sente Ă©tude, les chercheurs ont pris ces muscles entiĂšrement fonctionnels et cultivĂ©s en laboratoire et les ont inondĂ©s de niveaux relativement Ă©levĂ©s dâinterfĂ©ron gamma pendant sept jours pour imiter les effets dâune inflammation chronique de longue durĂ©e.
Comme prévu, le muscle est devenu plus petit et a perdu beaucoup de sa force.
Les chercheurs ont ensuite appliquĂ© Ă nouveau lâinterfĂ©ron gamma, mais cette fois-ci, ils ont Ă©galement mis le muscle dans un rĂ©gime dâexercice simulĂ© en le stimulant avec une paire dâĂ©lectrodes.
DâaprĂšs vous que sâest-il passĂ©Â ?
2) Les effets de lâexercice musculaire sur lâinflammation chronique
Alors que des recherches antĂ©rieures chez les humains et les animaux ont montrĂ© que lâexercice peut aider Ă attĂ©nuer les effets de lâinflammation en gĂ©nĂ©ral, il Ă©tait jusque lĂ difficile de distinguer quel rĂŽle les cellules musculaires elles-mĂȘmes pourraient jouer, sans parler de la façon dont elles interagissent avec des molĂ©cules spĂ©cifiques, comme lâinterfĂ©ron gamma.
Les mécanismes sous-jacents demeuraient flous.
Beaucoup de processus se dĂ©roulent dans tout le corps humain pendant lâexercice, et il est difficile de distinguer les systĂšmes et les cellules qui font quoi Ă lâintĂ©rieur dâune personne active.
Mais cela a Ă©tĂ© rendu possible grĂące Ă lâutilisation de muscles humains fabriquĂ©s en laboratoire Ă lâuniversitĂ© Duke, grĂące Ă leur technologie particuliĂšre modulaire.
Ils ont été les premiers à développer le muscle squelettique humain fonctionnel dans une boßte de Pétri, et depuis lors, le laboratoire a amélioré ses processus en ajoutant, par exemple, des cellules immunitaires et des réservoirs de cellules souches à la recette.
Les chercheurs ont non seulement confirmĂ© que lâinterfĂ©ron gamma fonctionne principalement par une voie de signalisation spĂ©cifique, mais ils ont aussi montrĂ© que lâexercice des cellules musculaires peut contrer directement cette signalisation pro-inflammatoire indĂ©pendamment de la prĂ©sence dâautres types de cellules ou de tissus.
Les cellules musculaires ont agi toutes seules pour bloquer les pouvoirs destructeurs de lâinterfĂ©ron gamma!
Lors de lâexpĂ©rience, les chercheurs ont appliquĂ© Ă nouveau lâinterfĂ©ron gamma sur un muscle pendant 7 jours, mais ils ont Ă©galement mis le muscle dans un rĂ©gime dâexercice simulĂ© grĂące Ă un Ă©lectro stimulateur.
Dans lâexpĂ©rience la stimulation correspondait Ă des sĂ©quences dâ1 h Ă une frĂ©quence de 10Hz, trois fois par jour, avec des pauses de 7 h
Alors quâils sâattendaient Ă ce que la procĂ©dure induise une certaine croissance musculaire, comme le montrent leurs Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes, ils ont Ă©tĂ© surpris de dĂ©couvrir quâelle empĂȘchait presque complĂštement les effets de lâinflammation chronique.
Lors de lâexercice, les cellules musculaires elles-mĂȘmes sâopposaient directement au signal pro-inflammatoire induit par lâinterfĂ©ron gamma.
En fait lâinterfĂ©ron gamma active lâinflammation en utilisant une voie molĂ©culaire spĂ©cifique : la voie de signalisation JAK (Janus kinase) /STAT1 (transducteur de signal et activateur de transcription 1).
LâĂ©lectrostimulation qui simulait lâexercice musculaire a non seulement permis lâhypertrophie du muscle, le muscle a grossit, mais elle a aussi permis dâĂ©viter la perte de masse et de force musculaire induite par lâinterfĂ©ron gamma (lâIFN-Îł) en inhibant en partie cette voie de signalisation.
Les chercheurs ont ensuite montrĂ© que les deux mĂ©dicaments utilisĂ©s pour traiter la polyarthrite rhumatoĂŻde, le tofacitinib (Tofa, bloqueur de JAK1/2/3) et le baricitinib (Bari, bloqueur de JAK1/2), qui bloquent la mĂȘme voie, avaient le mĂȘme effet anti-inflammatoire.
Ils ont constatĂ© que le traitement de 8 jours avec lâun ou lâautre des inhibiteurs (Ă une dose cliniquement pertinente de 500 nM) nâavait aucun effet indĂ©sirable sur la morphologie et la fonction des fibres musculaires.
Les inhibiteurs de JAK/STAT ont complĂštement empĂȘchĂ© la myopathie induite par lâIFN-Îł, confirmant les rĂŽles critiques de lâactivation de STAT1 dans lâaction pro-inflammatoire de lâIFN-Îł.
Les ingĂ©nieurs biomĂ©dicaux ont dĂ©montrĂ© que le muscle humain a une capacitĂ© innĂ©e Ă conjurer les effets nĂ©fastes de lâinflammation chronique lorsquâil est exercĂ©.
Leurs  rĂ©sultats rĂ©vĂšlent un mĂ©canisme jusque-lĂ inconnu des effets anti-inflammatoires autonomes des cellules musculaires et de lâexercice.
Que faire de cette découverte ?
3) En pratique : utiliser ses muscles contre lâinflammation
Cette étude nous démontre le rÎle majeur de nos muscles sur la santé.
Le muscle squelettique est un organe sĂ©crĂ©toire important dans le corps qui rĂ©pond Ă la fois aux signaux endocriniens systĂ©miques et peut fonctionner comme un rĂ©gulateur actif de la rĂ©ponse immunitaire et inflammatoire.Â
Il faut donc tout faire pour conserver ou augmenter sa masse musculaire aussi bien face au vieillissement que face aux maladies inflammatoires, arthrites et autres : polyarthrite rhumatoïde, dermatomyosite, mais aussi BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive) !
Cette dĂ©couverte confirme sâil en Ă©tait besoin le rĂŽle primordial de lâexercice physique pour soigner les maladies inflammatoires.
Donc continuez de bouger malgré la maladie, plutÎt lors des phases non-inflammatoires pour éviter trop de douleurs.
Vous pouvez Ă©galement utiliser lâĂ©lectrostimulation pour activer et renforcer vos muscles tout en limitant lâimpact sur vos articulations !
LâĂ©lectrostimulation musculaire a des effets anti-inflammatoires !
Attention ! On ne parle pas de lâĂ©lectrostimulation TENS, qui aura un effet sur votre douleur en « trichant » avec le cerveau par un mĂ©canisme de « gate-control »⊠on parle bien de programmes dâĂ©lectrostimulation pour la musculation et pour renforcer les muscles !
Bien sĂ»r comme la recherche vient Ă peine dâen parler, il nây a pas de programme spĂ©cifique dĂ©fini Ă lâheure actuelle dans le commerce.
NĂ©anmoins nâimporte quel Ă©lectro stimulateur avec des programmes de musculation et de renforcement musculaire devrait pouvoir vous ĂȘtre utile dans cet objectif anti-inflammatoire. Ă vous de tester le programme qui vous convient le mieux !
Voici une petite sĂ©lection dâĂ©lectro-stimulateurs :
Pour les bourses plus modestes :
Chez les humains, la stimulation Ă©lectrique et lâexercice physique peuvent augmenter la masse musculaire et la force et procurer des bienfaits thĂ©rapeutiques dans le contexte de lâinflammation chronique et du vieillissement.
Lâexercice physique peut altĂ©rer la sĂ©crĂ©tion de cytokines du muscle squelettique et dâautres tissus, ce qui peut Ă son tour : Â
- favoriser la réparation musculaire aprÚs une blessure,
- inhiber lâatrophie musculaire,
- et potentiellement agir comme traitement anti-inflammatoire dans les maladies inflammatoires chroniques.
Les effets anti-inflammatoires de lâexercice musculaire Ă©taient gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©s Ă lâaction paracrine des fibres musculaires agissant sur les cellules non musculaires, y compris les adipocytes, les macrophages, les lymphocytes T et les cellules NK.
Câest-Ă -dire que lâon pensait que les muscles activaient les cellules voisines pour lutter contre lâinflammation.
Mais nous savons aujourdâhui que les cellules musculaires elles-mĂȘmes ont une action anti-inflammatoire !
Ainsi vous pouvez utiliser la contraction musculaire (volontaire lors de l’exercice physique ou stimulĂ©e par l’Ă©lectrostimulation) pour soulager vos maladies inflammatoires (polyarthrite rhumatoĂŻde, spondylarthrite ankylosante, lupus, etc…) mais aussi vos inflammations locales (bursite, etc…).Â
Il existe bien sĂ»r dâautres traitements naturels de lâinflammation, par exemple pour une crise inflammatoire je vous renvoie Ă ce prĂ©cĂ©dent article !
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