[SENIORS, OBÉSITÉ…] Tester son niveau de santé : Test de marche de 6 minutes (TM6)

[SENIORS, OBÉSITÉ…] Tester son niveau de santé : Test de marche de 6 minutes (TM6)

Vous voulez tester votre niveau de santé, évaluer votre niveau de forme, mais vous n’êtes pas sportif ?

Peut-être avez-vous des difficultés à marcher ?

Peut-être que vous vous essoufflez rapidement à la marche ?

Peut-être que vous avez des problèmes d’obésité, voire d’obésité morbide et que vous sentez bien que votre surpoids limite vos mouvements, diminue vos capacités cardiaques, vos capacités respiratoires et vos capacités musculaires…

Peut-être sentez-vous que les effets du vieillissement commencent à apparaître, que vous voulez commencer un programme de remise en forme, de gym douce ou de gym senior et que vous cherchez un moyen de mesurer vos progrès…

Peut-être même que vous souffrez d’une maladie cardiovasculaire ou pulmonaire !

À la base le test que nous allons voir a été largement utilisé pour mesurer la réponse aux traitements pour les maladies pulmonaires et cardiaques. 

Mais ce test de forme physique a également montré son utilité dans le suivi des personnes en obésité et des seniors dès 55 ans ! (Oui je sais il y en a qui ne se sentent pas du tout senior à 55 ans, mais le test est valable à partir de cet âge-là !)  

Si vous voulez améliorer votre niveau de santé, si vous voulez devenir acteur de votre santé, pour progresser il vous faudra des critères de mesure objectifs pour observer vos progrès.

Le test de marche de 6 minutes (ou TM6) est fait pour vous !

Vous n’en avez jamais entendu parler ?

Lisez cet article pour tout savoir sur le test de marche de 6 minutes et tester vos aptitudes physiques !

Les indications, les contre-indications, le protocole à suivre et surtout comment interpréter les résultats ! 

Et comme les instructions font aussi partie du protocole du test, en fin de vidéo je vous propose de faire le test ensemble virtuellement (mais attention, si vous avez des problèmes de santé ne le faites jamais seul, on reviendra sur la sécurité tout à l’heure) !

I) Pourquoi faire le test de marche de 6 minutes ?

Le test de marche de 6 minutes (TM6) est un outil précieux pour une appréciation globale, mais fiable, de la capacité fonctionnelle, particulièrement pour les personnes ayant une limitation modérée à sévère à l’exercice.

Comme les tests d’effort, il apporte des informations dynamiques, par opposition à une mesure de repos, sur le comportement à l’effort et donc vous donne une évaluation plus objective sur la qualité de vie de la personne qui fait le test.

La réalisation de l’épreuve d’effort conventionnelle, c’est-à-dire sur tapis ou bicyclette ergonomique, sur cyclo-ergomètre, examen de référence, est complexe, coûteuse et invasive. Elle nécessite une équipe médicale habituée et un équipement spécifique.

Le tm6 est un test pratique de terrain, non invasif, peu onéreux et quasi sans danger qui ne nécessite aucun équipement d’exercice sophistiqué ni aucune formation avancée.

Une revue systématique de 2001 a d’ailleurs conclu que le TM6 était plus sûr, plus facile à réaliser, mieux toléré, et reflétait davantage les activités quotidiennes que les autres tests de marche (comme le test de marche en navette).

En effet, comme la plupart des activités de la vie quotidienne sont effectuées globalement et à des niveaux d’effort inférieurs au maximum, le test de marche de 6 minutes peut mieux refléter le niveau d’exercice fonctionnel pour les activités physiques quotidiennes.

La réponse physiologique au cours du TM6 est toutefois différente de l’épreuve à charge croissante sur cycloergomètre. Elle s’apparente davantage à un effort rectangulaire (à charge constante).

Ce test de marche, validé scientifiquement, permet donc :

  1. Évaluer objectivement votre condition physique, à la fois sur le plan : pulmonaire, cardio-vasculaire et musculaire.
  2. Évaluer votre progression, évaluer les effets du réentraînement à l’effort ou d’un programme d’activité physique et de permettre sa planification et son adaptation, car les mesures prises sont quantifiables et reproductibles.
  3. Donner une indication sur le périmètre de marche des pratiquants.
  4. Déterminer le pronostic, la sévérité, et les effets des traitements de la personne malade dans le cadre de pathologies cardio-respiratoires.
  5. De mesurer une vo2 max (la consommation d’oxygène maximale à l’effort) comparable à la vo2 max obtenue lors de l’épreuve d’effort sur cycloergomètre, chez les patients atteints d’une maladie pulmonaire en phase terminale (mais pas pour les personnes ayant une capacité fonctionnelle relativement préservée).

Même si on l’utilise beaucoup dans les maladies pulmonaires, retenez toutefois que la distance parcourue lors du TM6 est plus fortement corrélée avec la capacité de travail maximale et l’activité physique qu’avec la fonction respiratoire.

II) À qui s’adresse le test de marche de 6 minutes ?

Le TM6 doit être reconnu comme un examen complémentaire essentiel à la prise en charge des sujets limités dans leurs activités physiques.

Principalement :

  1. La plus grande indication est chez les personnes atteintes de maladies pulmonaires et respiratoires pour évaluer leur degré d’incapacité, le pronostic de survie, la présence d’une hypoxémie induite par l’exercice, la réponse au traitement, la prescription d’une oxygénothérapie de déambulation et son impact, etc… Par exemple dans :

 

  1. Chez les personnes atteintes de maladies cardio-vasculaires : L’évaluation de leur capacité fonctionnelle d’effort est un élément essentiel pour juger de leur qualité de vie, de la sévérité et du pronostic de la pathologie et du traitement possible. Par exemple :

 

  1. Chez les personnes obèses : le Test de Marche de 6 minutes permet d’évaluer la capacité physique. Le TM6 a montré une bonne reproductibilité et peut être recommandé pour évaluer la capacité de marche chez les sujets en obésité modérée, en obésité sévère ou en obésité morbide.

 

  1. Chez les personnes âgées: le TM6 est un test qui a été validé pour évaluer les capacités fonctionnelles chez les plus de 55 ans. Il s’agit surtout d’un test de suivi qui s’inscrit parfaitement dans le protocole de prise en charge des activités physiques adaptées (APA).

 

  1. Chez les sédentaires avec risques pour leur santé : Le TM6 est inclus dans le nouveau dispositif sport et santé afin de classer un patient dans un degré de limitation fonctionnelle. Le test de marche servira aussi pour le suivi. C’est-à-dire que c’est un des critères utilisés par votre médecin pour vous prescrire des séances de sport sur ordonnances ! Par exemple si vos résultats sortent de la norme, avec une tolérance de 10 %.

 

  1. Chez tous ceux qui veulent évaluer leur niveau de santé avant d’entreprendre un programme de remise en forme! Le TM6 est un outil fortement utilisé dans le suivi de la réhabilitation physique. En effet une amélioration des résultats à ce test est un indicateur important de l’amélioration de la condition physique des pratiquants. Comme nous allons le voir tout à l’heure, chez un sujet sain on peut déterminer une distance de parcours théorique.

III) CONTRE-INDICATIONS au test de marche de 6 minutes :

CONTRE-INDICATIONS au test de marche de 6 minutes :

Le test de marche doit être réalisé chez un patient en état stable. Ses 3 contre-indications majeures sont :

  1. Angor instable ou infarctus du myocarde au cours du mois précédent.
  2. Une tachycardie de repos (supérieure à 120 bpm)
  3. Une hypertension artérielle au repos (pa systolique > 180 mmhg ou une pa diastolique > 100 mmhg.)

Par extension, il est contre-indiqué en cas de :

  • Tous signes cliniques anormaux et inhabituels.
    • Dyspnée anormale et douleur thoracique initiale.
    • Poussée de température ou fatigue anormale.
  • Maladie cardio-vasculaire ou respiratoire non contrôlée ou récente
    • Hypertension artérielle non contrôlée
    • Maladie valvulaire aortique sévère symptomatique
    • Thrombophlébite évolutive et/ou embolie pulmonaire récente
    • Péricardite aiguë
    • Asthme instable
    • Insuffisance respiratoire chronique décompensée
    • Instabilité hémodynamique.

L’angor d’effort stable n’est pas une contre-indication absolue pour un TM6, mais les patients présentant ces symptômes doivent effectuer le test après avoir utilisé leur médicament anti-angor, et un médicament de secours à base de nitrate doit être facilement disponible.

CONSIGNES DE SÉCURITÉ :

D’une manière générale, il est préférable de faire ce test avec un professionnel de santé, un kinésithérapeute, une infirmière ou une personne formée au sport-santé.

Surtout, si vous avez des problèmes de santé, ne le faites jamais seul ! (risques de chutes ou de problèmes cardiaques).

Dans le cadre des maladies cardio-respiratoires les consignes de sécurité sont plus importantes :

Bas du formulaire

  1. Les tests doivent être effectués dans un endroit où une réponse rapide et appropriée à une situation d’urgence est possible. Non loin d’un chariot d’urgence …
  2. Les fournitures qui doivent être disponibles comprennent l’oxygène, la nitroglycérine sublinguale, l’aspirine et l’albutérol (inhalateur doseur ou nébuliseur). Un téléphone ou d’autres moyens doivent être en place pour permettre un appel à l’aide.
  3. Le technicien qui réalise le test doit être certifié en réanimation cardio-pulmonaire avec un minimum de formation aux premiers secours.  Une formation, une expérience et une certification dans des domaines connexes des soins de santé (infirmière, kinésithérapeute, technicien certifié en fonction pulmonaire, etc.) sont également souhaitables. Une personne certifiée doit être facilement disponible pour répondre si nécessaire.
  4. Les médecins ne sont pas tenus d’être présents à tous les tests. Le médecin qui commande le test ou un médecin de laboratoire superviseur peut décider si la présence d’un médecin à un test spécifique est requise.
  5. Si un patient est sous oxygénothérapie chronique, l’oxygène doit être administré à son débit standard ou selon les directives d’un médecin ou d’un protocole.

Les raisons pour arrêter immédiatement un TM6 sont les suivantes :

  1. Douleur thoracique
  2. Dyspnée intolérable
  3. Crampes dans les jambes
  4. Confusion mentale ou manque de coordination et d’équilibre
  5. Étourdissements ou malaise
  6. Diaphorèse, transpiration importante
  7. Apparence pâle ou cendrée
  8. Désaturation profonde (spo2 < 80 %) (si la spo2 récupère à ≥ 85 % pendant le tm6, le patient peut être invité à reprendre la marche)
  9. Ou de tout autre symptôme suggérant la survenue prochaine d’une syncope…

Les techniciens doivent être formés pour reconnaître ces problèmes et les réponses appropriées. 

Si un test est arrêté pour l’une de ces raisons, le patient doit s’asseoir ou s’allonger en décubitus dorsal selon le cas, en fonction de l’évaluation de la situation par le technicien. Les éléments suivants doivent être pris: tension artérielle, fréquence cardiaque, saturation en oxygène et évaluation d’un médecin. L’oxygène doit être administré de manière appropriée. Il est conseillé de surveiller le patient avant son retour à domicile et d’avertir éventuellement son médecin ou la famille.

Mais rassurez-vous !

Les complications associées aux TM6 sont rares. 

Selon une étude de 2011, lors du TM6 chez 741 patients atteints de pathologie pulmonaire, seulement 6 % ont rencontré des événements indésirables : la plupart du temps une diminution de la saturation en O2 qui est descendue en dessous de 80 %, entraînant l’arrêt du test. Une seule personne avec une douleur de poitrine et une seule personne avec une tachycardie.

Aucune séquelle à long terme de ces événements n’a été signalée. 

IV) Sources de variabilité du test

Sources de variabilité du test

Plusieurs facteurs peuvent faire varier les résultats au test de marche de 6 minutes.

a) Facteurs inhérents à la personne testée :

  • Taille : comme expliqué dans une précédente vidéo sur la marche, de grandes jambes permettent de parcourir une plus grande distance sur la même durée
  • Âge
  • Poids corporel
  • Sexe : en général les hommes marchent 30 m de plus que les femmes
  • La motivation
  • L’expérience : de meilleurs résultats chez une personne qui a déjà effectué le test
  • Cognition altérée
  • Maladie pulmonaire (BPCO, asthme, fibrose kystique, pneumopathie interstitielle)
  • Maladie cardiovasculaire (angor, IM, ICC, accident vasculaire cérébral, AIT, PVD, AAI)
  • Troubles musculo-squelettiques (arthrite, blessures à la cheville, au genou ou à la hanche, fonte musculaire, etc.)
  • Médicament pour une maladie invalidante pris juste avant le test (bronchodilatateurs dans les BPCO, médicaments cardio-vasculaires dans les insuffisances cardiaques…)
  • Supplémentation en oxygène chez les patients souffrant d’hypoxémie induite par l’exercice (BPCO, pneumopathie interstitielle… avec une augmentation de 20 à36%)

b) Et le port du masque ?

Selon une étude de 2018 (et oui, car le masque chirurgical était porté en cas de maladies respiratoires avant la COVID 19) le port du masque de soins ne modifie pas la distance parcourue lors du TM6, mais augmente la dyspnée ressentie.

C’est-à-dire que l’on a subjectivement l’impression d’un plus grand essoufflement, mais les performances mesurées sont les mêmes.

Une étude récente de 2020 suite à la COVID 19, arrive aux mêmes conclusions :

Les masques chirurgicaux ou de type N95 peuvent être utilisés pendant le TM6, et les résultats en distance parcourue, ainsi que d’autres variables telles que la SpO2 et les FC, sont semblables à ceux obtenus sans masque facial.

Et le port du masque ?

c) Des variations dans la méthodologie du test de marche.

L’effet des variations méthodologiques sur la distance de marche de 6 min a largement été étudié :

  1. Couloir contretapis roulant Stevens (1999), de Almeida (2009): 13 à 20 % de moins sur le tapis de course
  2. À l’intérieur par rapport à l’extérieur (Brooks, 2003) : 4 m (1 %) en plus à l’extérieur
  3. Piste circulaire ou ligne droite (Bansal,2008; Sciurba,2003) : 13 à 19 m (3 à 5 %) de plus sur piste circulaire
  4. Longueur de la piste (Sciurba,2003; Beekman, 2013) :
    1. Pas de différence statistiquement significative par rapport aux pistes de 15 à 121 m
    2. 50 m de plus sur une piste de 30 m par rapport à une piste de 10 m
  5. Aide à la marche sur roues versus aucune aide ( Gupta, 2006 ; Honeyman, 1996 ; Probst, 2004; Roomi, 1998 ; Solway, 2002 ; Vaes, 2012)  : En moyenne 6,2 % de plus avec un déambulateur à roues : de 2 à 46 m de plus voire 83 m de plus selon le modèle
  6. Avec ou sans oxygène (Davidson, 1988 ; Fujimoto, 2002 ; Rooyackers, 1997 ; Jolly,2001) : 12 à 59 m de plus avec de l’oxygène
  7. Oxygène versus air comprimé (Jolly,2001;  Mc Donald, 1995): 17 à 109 m de plus avec de l’oxygène
  8. Transportez l’oxygène par rapport à l’oxygène dans un chariot à roues ( Crisafulli, 2011) : 23 m de plus avec chariot à roues
  9. Le patient transporte de l’oxygène ou le testeur transporte de l’oxygène (Woodcock, 1981) : Amélioration grâce à l’oxygène, de 24 m si le patient porte l’O2 contre 35 m si l’examinateur porte l’O2.
  10. Encouragements (Guyatt, 1984) : 30,5 m de plus avec encouragement
  11. Instructions (Weir, 2013) : le sujet marche 53 m plus loin lorsqu’on lui demande de marcher le plus «vite» possible, plutôt que le plus «loin» possible

Pour avoir des résultats comparables et utilisables, les sources de variabilité causées par la procédure du test elle-même doivent être contrôlées autant que possible. Cela se fait en suivant les normes officielles et grâce à une bonne formation des examinateurs.

V) Protocole de réalisation du TM6

Protocole de réalisation du TM6

Tous les facteurs doivent être maintenus constants lors des tests répétés.

La standardisation permet une reproductibilité et donc de comparer les mesures selon l’évolution de votre forme. Il est donc primordial de respecter le protocole à la lettre !

À la suite d’une conférence de consensus, l’American Thoracic Society a publié en 2002 des lignes directrices pour le test de marche de 6 minutes (TM6).

Ces lignes directrices ont été revues en 2014 pour obtenir une norme technique officielle de l’European Respiratory Society / American Thoracic Society sur les tests de marche de terrain dans les maladies respiratoires chroniques.

Les procédures de test décrites dans ce document sont basées sur les études utilisant ces tests de marche sur le terrain chez les adultes atteints de maladies respiratoires chroniques. Par conséquent, elles ne sont pas destinées à s’appliquer aux enfants ou aux personnes qui ne souffrent pas de maladie respiratoire chronique.

Résumé des recommandations officielles :

OBJECTIF : Réaliser la plus grande distance de marche possible en six minutes sur une surface plane et dure.

1) Emplacement

  • Le TM6 doit être effectué à l’intérieur, le long d’un long couloir plat, droit et fermé, avec une surface dure, peu fréquentée et calme, sans possibilité de perturbation pour le pratiquant.
  • Une température confortable est importante et la climatisation doit être disponible si nécessaire.
  • Si le temps le permet, le test peut être effectué à l’extérieur. 
  • Le parcours de marche doit avoir une longueur de 30 m. 
  • La longueur du couloir doit être marquée tous les 3 m. 
  • Les points de retournement doivent être marqués d’un cône (comme un cône de signalisation orange). 
  • Une ligne de départ, qui marque le début et la fin de chaque tour de 60 m, doit être marquée sur le sol de manière à être facilement visibles pour les patients.

On n’utilise ni tapis de marche ni piste ovale.

Emplacement

Explications :

La plupart des études ont utilisé un couloir de 30 m, mais certaines ont utilisé des couloirs de 20 ou 50 m ou plus. Pour une piste de 50 à 121 m, il n’y a pas de variations, mais un couloir plus court oblige les patients à faire plus de demi-tours et donc prendre plus de temps, ce qui diminue les résultats. Il est donc conseillé de ne pas faire le test sur une voie inférieure à 15 m et de surtout veiller à faire le TM6 sur une piste de même longueur lors de tests ultérieurs.

De la même façon, la distance parcourue lors d’un TM6 est plus grande de 13 à 19 m sur un circuit continu (piste ovale) que dans un couloir qui oblige à faire des allers et retours.

L’utilisation d’un tapis roulant pour un test de marche de 6 minutes n’est pas recommandée. Les patients sont incapables de trouver le bon rythme sur un tapis roulant et marchent moins d’environ 14 % !   

2) Les mesures

La distance parcourue est la valeur la plus importante du test de marche de 6 minutes, compte tenu de son excellente fiabilité et validité, ainsi que de sa forte relation avec des résultats cliniques. La distance en mètres doit donc être indiquée pour chaque test.

Bien que la distance soit le principal critère de jugement, l’amélioration au cours des évaluations en série peut se manifester soit par une distance accrue, soit par une réduction des symptômes avec la même distance parcourue.

Ainsi, d’autres mesures peuvent être intéressantes, telles que la saturation en oxygène (SpO2), la fréquence cardiaque (FC), les symptômes de dyspnée et de fatigue (échelle de Borg) et le travail de 6 minutes de marche (distance au TM6 × poids corporel).

La plus faible saturation artérielle en oxygène mesurée par oxymétrie de pouls enregistrée au cours d’un TM6 est apparue comme un marqueur important de la gravité et du pronostic de la maladie. Cependant, cette plus faible SpO2 n’est pas forcément atteinte en fin de test. Une oxymétrie de pouls continue est donc recommandée pendant le TM6, pour s’assurer que la SpO2 la plus basse est enregistrée. De même pour la fréquence cardiaque.

La SpO2 et la FC doivent être mesurées en continu pendant le TM6, pour s’assurer que la SpO2 la plus basse et la FC la plus haute soient enregistrées. Il faut veiller à ce que l’obtention de ces mesures n’affecte pas les performances : poids léger, sans fils, attaché pour ne pas perturber la foulée…

Les données actuelles indiquent que le TM6 a un excellent profil de sécurité lorsque le test est arrêté si la SpO2 tombe à <80 %.

La dyspnée (essoufflement) et la fatigue subjective doivent être mesurées avant et après le TM6, à l’aide d’une échelle de Borg.

3) ÉQUIPEMENT REQUIS

  1. Compte à rebours (ou chronomètre)
  2. Compteur de tours mécanique
  3. Deux petits cônes pour marquer les points de retournement
  4. Marques pré-mesurées le long de la piste / du couloir
  5. Une chaise, positionnée à une extrémité du parcours de marche et qui peut être facilement déplacée le long du parcours
  6. Feuilles de calcul ou bloc-notes
  7. Une échelle validée pour mesurer la dyspnée et la fatigue subjective (échelle de Borg)
  8. Tensiomètre (pression artérielle)
  9. Oxymètre de pouls
  10. Podomètre ou application de mesure (facultatif)
  11. Cardio-fréquencemètre (facultatif)
  12. Accès à l’oxygène et au téléphone en cas d’urgence
  13. Défibrillateur électronique automatisé
Echelle de Borg

4) PRÉPARATION DU PATIENT

  1. Des vêtements confortables doivent être portés.
  2. Des chaussures appropriées pour la marche doivent être portées.
  3. Un repas léger est acceptable avant les tests tôt le matin ou en début d’après-midi.
  4. Les patients ne doivent pas avoir fait de gros efforts dans les 2 heures précédant le test.
  5. Toutes les occasions de test ultérieures doivent avoir lieu à peu près à la même heure de la journée pour minimiser la variabilité intra-journalière.
  6. Un échauffement n’est pas autorisé avant le début du test ni une version abrégée du test.
  7. Les patients doivent utiliser leurs aides à la marche habituelles pendant le test (canne, déambulateur, etc.). L’examinateur en prend note.
  8. Le traitement médical habituel du patient doit être poursuivi. Le type de médicament, la dose et l’heure de prise avant le test doivent être notés. Ils peuvent influencer les résultats.
  9. Si des tests de la fonction respiratoire doivent être effectués le même jour, cela doit avoir lieu avant les tests de marche. Les patients doivent ensuite se reposer pendant au moins 15 minutes avant de commencer un test d’effort.
  10. Utilisation d’oxygène :

Si un patient est sous oxygénothérapie à long terme, l’oxygène doit être administré à son débit standard ou selon les directives d’un médecin ou d’un protocole. L’oxygène doit être administré de la même manière (débit et dispositif d’administration) pour tous les tests. Si un changement est nécessaire, cela doit être noté sur la feuille de travail et pris en compte lors de l’interprétation de tout changement de performance.

Les évaluateurs devraient éviter le transport de la source d’oxygène dans la mesure du possible; cependant, si le sujet n’est pas capable de contrôler / porter / gérer sa propre bouteille d’oxygène, l’évaluateur doit essayer de marcher légèrement derrière le sujet pour éviter d’influencer le rythme de marche. 

Il doit être clairement noté comment l’évaluateur à aider au transport de l’oxygène, de sorte que tout test de marche ultérieur avec le même sujet puisse être effectué de la même manière. 

5) Immédiatement avant le test

Le patient doit s’asseoir au repos sur une chaise, située près de la position de départ, pendant au moins 10 minutes avant le début du test. 

Pendant ce temps, on vérifie les contre-indications, on prend les mesures au repos que l’on souhaite observer : fréquence cardiaque, saturation en oxygène, dyspnée, etc…

Le patient se positionne sur la ligne de départ. 

L’évaluateur doit fournir des instructions verbales normalisées. (Je vous les donnerais tout à l’heure quand nous ferons le test ensemble).

La minuterie doit être démarrée dès que le patient commence à marcher. 

6) PENDANT LE TEST :

Le rôle de l’examinateur pendant le test de marche de 6 minutes est de :

  • Noter la distance parcourue, les éventuels arrêts ainsi que leur durée, le rythme cardiaque et la saturation du patient et ses symptômes ressentis.
  • Informer le patient toutes les minutes du temps restant.
  • Surveiller toutes apparitions de signe ou de symptôme nécessitant l’arrêt du test.

Idéalement, l’examinateur ne doit pas marcher avec le patient. Mais dans la pratique cela arrive dans 60 % des cas, pour des raisons de sécurité principalement. Dès lors, l’examinateur doit marcher derrière le patient pour ne pas influencer le rythme de marche.

Le patient doit marcher seul, pas avec d’autres patients.

Il ne faut pas parler pendant la marche. Seul l’examinateur utilisera des phrases d’encouragement standardisées sur un ton de voix neutre et en faisant attention à son langage corporel.

L’encouragement et l’enthousiasme augmentent considérablement la distance parcourue, de l’ordre de 30 %. Aussi, si certaines études ont utilisé des encouragements toutes les 30 secondes ou toutes les 2 minutes, la recommandation officielle est d’utiliser des phrases standards toutes les minutes. 

De même, rappelons que l’objectif exprimé dans les consignes est de « marcher le plus (loin) possible », de mettre l’accent sur la distance et non de « marcher le plus vite possible », de mettre l’accent sur la vitesse, comme l’on fait certaines études en 2000. Car alors on obtient bien des distances parcourues plus grandes, mais au détriment d’une fatigue précoce et d’un possible stress cardiaque excessif chez certains patients malades.  

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L’examinateur relève bien le nombre de tours effectué et laisse voir au participant qu’il prend des notes.

Si le patient arrête de marcher pendant le test et a besoin de repos, l’examinateur lui rappelle qu’il peut s’appuyer contre le mur pour se reposer ou même s’asseoir; puis continuer à marcher dès qu’il s’en sent capable, sans arrêter le chronomètre.  Si la saturation en O2 est supérieure à 85 %, la consigne standardisée est alors donnée toutes les 30 secondes : « Veuillez recommencer à marcher dès que vous vous en sentez capable. »

Le temps auquel le patient s’est arrêté et le temps auquel la marche est recommencée doivent être enregistrés.

Si le patient s’arrête avant la fin des 6 minutes et refuse de continuer, ou si l’examinateur juge qu’il faut arrêter, le patient s’assoit et l’examinateur note sur la feuille de travail la distance parcourue, le temps et la raison de l’arrêt prématuré (qu’il demande au patient !).

Sinon, arrêtez-vous à la fin des 6 minutes et marquez l’endroit de l’arrêt. 

Une fois le patient assis, l’examinateur reprend les mêmes mesures qu’au départ (dyspnée, fatigue, fréquence cardiaque…), note le temps nécessaire pour que ces valeurs reviennent à leur niveau de départ. Puis il calcule la distance totale parcourue en arrondissant au mètre le plus proche, et demande au patient quelle est la raison principale qui aurait pu limiter sa performance.

Le patient doit rester au repos et se réhydrater pendant au moins 15 minutes suite à ce test.

Si le patient s’est arrêté pendant le test, le temps total d’arrêt, le nombre d’arrêts et la vitesse moyenne de marche sur les 6 min sont également rapportés. Chez les patients qui ne peuvent pas marcher pendant 6 minutes, cela peut fournir des mesures alternatives pour détecter les changements au fil du temps et peut faciliter la prescription d’exercice. 

7) Répétition du test

Pour établir une base de référence stable pour le TM6, deux tests doivent être effectués. Chez le sujet sain, c’est à cette condition qu’il sera réellement exploitable, selon une étude de 2003. Ainsi, un premier TM6 d’“entraînement” devrait toujours être effectué. En effet, il existe des preuves solides d’un effet d’apprentissage sur la performance lorsque deux ou plusieurs tests sont effectués. 

13 études chez des patients atteints de BPCO montrent une amélioration moyenne combinée sur le deuxième test de 26,3 m (de 5 à 15 % de plus). L’effet d’entraînement peut être dû à une meilleure coordination, à la recherche d’une longueur de foulée optimale et à la maîtrise de l’anxiété.

Les deux tests peuvent être effectués le même jour, mais il doit y avoir un intervalle entre les tests d’au moins 30 min et les mesures de FC et SpO 2 doivent être revenues à la valeur de base avant le deuxième test.

Les personnes malades ou affaiblies peuvent effectuer ces 2 tests en deux jours consécutifs ou non. La meilleure distance parcourue en mètres est alors validée.

L’idéal est donc bien sûr de suivre ces recommandations à la lettre, mais bien souvent dans la pratique, pour plusieurs items, les recommandations officielles ne sont pas suivies et on s’adapte aux possibilités des lieux et aux disponibilités des opérateurs et des patients.

Mais le plus important est de refaire les tests dans les mêmes conditions à chaque fois !

VI) Comment interpréter les résultats du test de marche de 6 minutes ?

Une faible distance parcourue au TM6 est non spécifique et non diagnostique. 

Si c’est le cas, recherchez minutieusement la ou les causes de la déficience, car chez des personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques ou d’insuffisance cardiaque, une faible performance au TM6 (<350 m) est associée à un risque accru d’hospitalisation et de mortalité (Rasekaba et al. 2009).

La désaturation au cours d’un TM6 est par ailleurs un indicateur pronostique important pour les patients atteints de pneumopathie interstitielle.

Il est recommandé d’exprimer les résultats et les changements d’un test à l’autre en valeur absolue (par exemple, le patient a marché 50 m de plus). Mais certains chercheurs préfèrent exprimer les changements de distance parcourue en pourcentage ou en pourcentage de la valeur prédite.

Prédite comment ? Grâce à des équations qui permettent de déterminer une distance parcourue théorique en fonction de votre âge, taille, poids et sexe. Il est facultatif de rapporter la distance au TM6 en tant que pourcentage de la prévision. Si on le fait, les équations de référence utilisées doivent être indiquées.

1) Formules de référence pour déterminer la distance théorique

Nous l’avons vu, les résultats varient en fonction de nombreux facteurs, et principalement en fonction du sexe, de l’âge, de la taille et du poids.

Aussi plusieurs chercheurs ont voulu établir des équations de référence pour la prédiction de la distance totale parcourue pendant six minutes pour les adultes en bonne santé.

Les premiers furent Enright et ses associés en 1997, qui ont proposé les équations suivantes :

Formules de référence pour déterminer la distance théorique

Par exemple :

Pour un homme mesurant 180 cm, âgé de 40 ans, pesant 80 kg

Distance attendue au bout de 6 minutes : 712 m (limite de la normale : 559 m). Notez que cela fait une vitesse de marche d’un peu plus de 7km/h, on est loin de la promenade à 3 ou 4 km/h.

Ces équations sont encore souvent utilisées de nos jours comme dans cette étude de 2020 sur la chirurgie colorectale, mais il en existe beaucoup d’autres, plus proches des résultats réels.

En effet depuis 1997 pas moins de 20 autres formules différentes ont été proposées (dont une par Enright lui-même en 2003), car au fil des années de recherche, les scientifiques ont observé d’autres facteurs influençant les résultats au TM6.

L’ATS et l’ERS les ont répertoriés en 2014 :

  • La méthodologie pour le TM6,
  • Le pourcentage de FC maximale atteint,
  • La taille,
  • L’âge,
  • Le sexe,
  • Le poids
  • Et vraisemblablement l’origine ethnique.  Les résultats varient selon les pays étudiés !

Aussi en raison de la grande variation de la distance prévue générée par toutes ces différentes équations, il est recommandé d’utiliser des équations générées et vérifiées dans une population locale lorsque cela est possible. 

C’est pourquoi j’ai choisi la formule d’Oliveira et al. (2018) (2019) (pour les 18-70 ans) car elle correspond à une population d’Européens et qu’elle est plus simple et plus récente que d’autres !

Donc dans l’exemple de tout à l’heure la distance attendue au TM6 est de 657 m ! (et non de 712 m).

20 équations différentes pour prédire la distance parcourue au test de marche de 6 minutes !

  • Enright et al. (1998) M: 7.57 × Height(cm)–5.02 × Age–1.76 × Weight(kg)– 309 F: 2.11 × Height(cm)– 2.29 × Weight(kg)–5.78 × Age + 667
  • Troosters et al (1999) 218 + [5.14×Height(cm)–5.32 × Age]–1.8 × Weight(kg) + 51.31 × Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Gibbons et al. (2001) 1–2.99 × Age + 74.7 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Enright et al. (2003) M: 539 + 6.1 × Height(cm)–0.46 × Weight(kg)–5.8 × Age
  • F: 493 + 2.2 × Height(cm)–0.93 × Weight(kg)–5.3 × Age
  • Chetta et al. (2006) 78 + 1.25 × Height(cm)–2.82 × Age + 39.07 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Camarri et al. (2006) 86 + 4.12 × Height(cm)–1.75 × Age–1.15 × Weight(kg) + 34.04 × Gender, Sex: F = 0, M = 1
  • Poh et al. (2006) 50 × (HRmax/HRmax Predicted) + 6.94 × Height(cm)–4.49 × Age–3.51 × Weight(kg)–473.27
  • Masmoudi et al. (2008) 8–4.34 × Age + 3.43 × Height(cm)–1.46 × Weight(kg) + 62.5 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Alameri et al. (2009) 81 × Height(cm) + 0.79 × Age–28.5
  • Ben Saad et al. (2009) 50–5.14 × Age–2.23 × Weight(kg) + 2.72 × Height(cm) + 160 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Iwama et al. (2009) (pour les 13 – 84 ans) 46–1.85 × Age + 61.50 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Osses et al. (2010) (pour les 20-80 ans) MujeresDR6, metros = 457 – 3,46 x Edad (años) + 2,61 x Talla (cm) – 1,57 x Peso (kg) ± 53 (EE)
  • HombresDR6, metros = 530 – 3,31 x Edad (años) + 2,36 x Talla (cm) – 1,49 x Peso (kg) ± 58 (EE)
  • Casanova et al. (2011) (à partir de 7 pays différents) 361– 4 × Age + 2× Height(cm)–1.5 × Weight(kg) + 3 × (HRmax/HRmax predicted)–30(if Female)
  • Dourado et al. (2011) 30–2.73 × Age–2.16 × Weight(kg) + 361.73 × Height + 56.39 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Soaresa et al. (2011) 511 + [stature² (cm) × 0,0066] – (âge² × 0,030) – (IMC² × 0,068)
  • Britto et al. (2013) 890,46 – (6,11 × âge) + (0,0345 × âge 2 ) + (48,87 × sexe) – (4,87 × IMC). Sexe: F = 0, M = 1
  • Duncan et al. (2015) (pour les 50-85 ans) M: 290.6 × [Height (cm) × 0.525] × [Weight(kg)–0.317] × e–0.009 × Age
  • F: 260.3 × [Height (cm) × 0.525] × [Weight(kg)–0.317] × e–0.009 × Age
  • Oliveira et al. (2018) (2019) ( pour les 18-70 ans) 2–2.0 × Age–4.4 × BMI + 58.4 ×  Sex, Sex: F = 0, M = 1
  • Zou et al (2017) (pour les 18-60ans) :
  • Female: 6MWD(m) = 233.994 − [age(yr) × 1.815] + [height(cm) × 2.632];
  • Male: 6MWD(m) = 141.327 − [age(yr) × 1.039] + [height(cm) × 3.038]
  • Zou et al. (2020) (pour les 60-80 ans): M : 233,205 + (4,31 x taille (cm)) – (4,01 x âge + 6,14 x IMC)  
  • F : 285,011 + (1,041 x taille (cm)) – (0,678 x âge + 2,189 x IMC)

Mais finalement la validation externe de ces équations semble limitée.

Finalement, selon une étude de 2010, l’utilisation d’une valeur théorique n’augmente pas la capacité discriminative du TM6. Autrement dit, on aime bien avoir des formules pour se comparer à « la normale », mais cela ne sert pas à grand-chose pour évaluer notre état de santé…

Et qu’est ce qu’on aime encore plus que les formules pour se comparer à la norme, ce sont les courbes et les tableaux bien sûr !

b) Courbes et tableaux de valeurs

En un clin d’œil ils permettent de se situer, ce qui leur donne un grand avantage pratique même s’ils sont moins précis.

Des chercheurs ont donc proposé en 2011 de nouvelles moyennes et de nouvelles courbes de référence pour les adultes, indépendants de la région du monde.

Selon leurs recherches :

La distance moyenne au TM6 était de 571 ± 90 m.

Elle varie selon l’âge : les sujets âgés parcourant des distances plus courtes que les sujets jeunes :

Ces courbes résument leurs travaux :

Courbes de performances au TM homme
Courbes de performances au TM femme

De son côté, l’IRBMS (Institut de Recherche du Bien-être, de la Médecine du Sport – santé) propose également un tableau permettant la classification d’un patient pour prescrire le sport – santé sur ordonnance.

c) Utilisation du résultat au test de marche de 6 minutes pour observer vos progrès

Mais indépendamment des moyennes et des tableaux pour vous comparer à la « norme », l’utilisation du test de marche de 6 minutes vous permet surtout de mesurer vos progrès personnels.

Aussi bien dans le cadre :

  1. D’un programme de réhabilitation à l’effort pour des patients atteints de pathologies cardio-respiratoires,
  2. Que lors d’un programme apa (activité physique adaptée) pour les seniors,
  3. Que dans la lutte contre l’obésité
  4. ou chez toute personne effectuant un programme de remise en forme.

Et je le répète, pour suivre votre évolution, il est primordial de réaliser le test dans les mêmes conditions à chaque fois, donc de suivre un protocole strict.

Pour qu’un changement de distance reflète vraiment un changement dans votre condition physique et non un changement dans la méthode de mesure…

Le changement de la distance parcourue doit également être cliniquement significatif. Une trop faible variation ne veut pas dire grand-chose. Aussi le changement de distance minimal pour être considéré comme significatif varie d’une situation à une autre :

1. Pour les patients atteints de BPCO:

Redelmeier, 1997  suggère qu’une variation minimale de 54 mètres serait nécessaire pour que le sujet atteint de BPCO  perçoive un changement dans sa condition physique.  

Puhan en 2008 rapporte qu’une distance de 35 mètres a été identifiée comme ayant un effet important dans la BPCO, bien que cette distance ne semble pas être importante pour les patients.

Le consensus de l’ATS/ERS en 2014 estime que la différence minimale significative est de 30 m chez les adultes atteints d’une maladie respiratoire chronique.

Il existe une certaine variabilité entre les études et les méthodes pour déterminer cette différence minimale significative; cependant, sur la base de toutes les preuves maintenant disponibles, nous pouvons être sûrs que cette distance se situe entre 25 et 33 m.

2. Pour les patients atteints de pneumopathie interstitielle:

Puhan 2008 :  une Différence Minimale Significative de 31 mètres a été identifiée.

3. Pour les patients atteints d’hypertension pulmonaire:

Selon Gilbert et al. en 2009, la Différence Minimale Significative est de 41 mètres en cas d’hypertension pulmonaire.

Pour Mathai et al. en 2012, cette différence est de 33 m environ.

4. Pour les patients insuffisants cardiaques:

Selon O’Keefee et al en 1998, cette distance minimale serait de 43 mètres en cas d’insuffisance cardiaque. Ils remarquent par ailleurs que le TM6 est plus sensible à la détérioration qu’à l’amélioration des symptômes d’insuffisance cardiaque.

Plus récemment pour Giannisti et al. 2019 :

Une augmentation de 30 à 50 m montre un effet favorable sur la morbidité et la mortalité.

Mais l’amélioration de la distance au tm6 doit être d’environ 80 m pour montrer un avantage en termes de qualité de vie !

5. Pour les personnes en obésité:

Pour l’évaluation individuelle, une distance de marche améliorée d’au moins 80 m était nécessaire pour rendre la différence cliniquement significative. Larsson et al (2008)

Alors maintenant à vous de jouer, faites le test régulièrement et comparez vos résultats personnels, c’est le plus important !

Et laissez-moi vos résultats au TM6 en commentaire si vous voulez en discuter !

Je vous laisse vous préparer et on va faire le test ensemble avec la vidéo, je vais vous donner les instructions standardisées et le chronométrage…

Je vous invite donc à regarder la vidéo, vous avez le lien en bas de l’article ! faites une pause sur la vidéo si besoin et on se retrouve juste après !

SOURCES :

Solway S, Brooks D, Lacasse Y, Thomas S. A qualitative systematic overview of the measurement properties of functional walk tests used in the cardiorespiratory domain. Chest 2001;119:256-70.

« The Relationship of the 6-Min Walk Test to Maximal Oxygen Consumption in Transplant Candidates With End-Stage Lung Disease », Lawrence Cahalin et al. (1995)

« The walking capacity assessment in the respiratory patient » Alfredo Chetta et al. (2009)

« Le test de marche chez les sujets BPCO » N.Fettal, Y.Bezioui, A.Taleb (2019)

«  The need to move from 6-minute walk distance to outcome trials in pulmonary arterial hypertension » Sean Gaine, Gérald Simonneau (2013)

 « Usefulness of the 6-minute walk test and the 200-metre fast walk test to individualize high intensity interval and continuous exercise training in coronary artery disease patients after acute coronary syndrome: a pilot controlled clinical study » M Gremeaux et al. (2011)

« 6-minute walking test: a useful tool in the management of heart failure patients » Sophia Giannitsi, et al. (2019)

« Le test de marche de six minutes chez les femmes obèses : reproductibilité, intensité relative et relation avec la qualité de vie »  A.Baillot (2009)  

« Six‐minute walk test: observed adverse events and oxygen desaturation in a large cohort of patients with chronic lung disease » S. Jenkin et al. (2011)

« Effet du port d’un masque de soins lors d’un test de marche de six minutes chez des sujets sains » E.Person et al. (2018)

 « Masking the 6 Minutes-Walking-Test in the COVID-19 Era » Antonio Salles-Rojas et al. (dec 2020)

« ATS Statement – Guidelines for the Six-Minute Walk Test » (2002)

« An official European Respiratory Society/American Thoracic Society technical standard: field walking tests in chronic respiratory disease » (2014)

« Le test de marche de 6 minutes chez le sujet sain : reproductibilité et intensité relative » GKervio et al. (2003)

« Enquête sur la réalisation du test de marche de six minutesA survey on the performance of the six-minute walk test » M.Cabillic (2011)

« The six-minute walk test: a useful metric for the cardiopulmonary patient » T Rasekaba et al. (2009)

 « Reference Equations for the Six-Minute Walk in Healthy Adults » PAUL L. ENRIGHT , and DUANE L. SHERRILL (1997)

«  Reference equations for the 6-minute walk distance in healthy Portuguese subjects 18-70 years old » M J Oliveira et al. (2019)

Lee WT, Peacock AJ, Johnson MK. The role of per cent predicted 6-min walk distance in pulmonary arterial hypertension. Eur Respir J 2010;36:1294-301.

« The 6-min walk distance in healthy subjects: reference standards from seven countries » C. Casanova et al (2011)

 IRBMS (Institut de Recherche du Bien-être, de la Médecine du Sport – santé)

Redelmeier DA, Bayoumi AM, Goldstein RS, Guyatt GH. Interpreting small differences in functional status: the Six Minute Walk test in chronic lung disease patients. Am J Respir Crit Care Med 1997;155:1278-82.

Gilbert C, Brown MC, Cappelleri JC, Carlsson M, McKenna SP. Estimating a minimally important difference in pulmonary arterial hypertension following treatment with sildenafil. Chest 2009;135:137-42

« The Minimal Important Difference in the 6-Minute Walk Test for Patients with Pulmonary Arterial Hypertension »  Stephen C. Mathai (2012)

O’Keeffe ST, Lye M, Donnellan C, Carmichael DN. Reproducibility and responsiveness of quality of life assessment and six minute walk test in elderly heart failure patients. Heart 1998;80:377-82.

« The six-minute walk test in outpatients with obesity: reproducibility and known group validity » Ulla Evers Larsson, Signy Reynisdottir (2008)

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